Gérer ses photos en voyage

La question m’avait posé problème avant de partir : comment gérer les photos, qui seront nombreuses après deux ans de voyage ? Mais aussi comment et quand les trier ? Comment les sauvegarder ? Faut-il les retoucher ? Qu’en faire à la fin du voyage ?

J’avais passé un peu de temps à imaginer diverses configurations. J’en étais arrivé à une certaine conclusion, et celle-ci a peu évolué depuis un an. Considérant qu’elle est pertinente, je me permets de vous en faire part, pour les curieux ou ceux qui se posent la même question. La voici donc en détail.

La gestion des photos a lieu à différentes phases, de la prise de vue au tirage, en passant par la mise en ligne sur le blog entre autre. Voyons une à une ces phases.

  1. Réglages de l’appareil photo
  2. Lors de la prise de vue
  3. Tri basique des photos
  4. Transfert vers l’ordinateur
  5. Utilisation des photos sur l’ordinateur
  6. Gestion des sauvegardes
  7. Après le voyage

Réglages de l’appareil photo

Qualité d’image

Quels réglages de qualité d’image faut-il choisir sur l’appareil photo pour prendre ses photos de voyage ?

Pour répondre à cela, il faut voir l’utilisation que l’on souhaite faire des photos : dans un premier temps, elles serviront à être partagées, par mail ou sur le blog. Pour cela, il faudra les traiter avec le PC du voyage, c’est à dire un petit netbook pas très performant, pour transiter ensuite sur internet. Dans un deuxième temps, au retour ou lors d’une longue pause, les photos pourront être tirées, ou utilisées pour des applications nécessitant une très bonne qualité d’image.

Comment concilier les deux utilisations que tout semble opposer ? Et bien avec deux sortes de fichier que tout oppose : d’un côté, le JPEG léger en qualité « de base », pour une utilisation au cours du voyage, et de l’autre le RAW lourd mais complet, qui sera la base idéale des retouches et des tirages de qualité.

Dans cette configuration, on se retrouve donc avec :

Format
Résolution
Qualité
Taille sur le disque
JPEG (.jpg) 3 mégapixels normale 600ko à 1Mo
RAW (.nef pour nikon) 16 mégapixels maximale 18Mo à 20Mo

Sur les réflex Nikon, il est possible de choisir toute sorte de configurations :

  • RAW seul
  • RAW+Jpeg
  • Jpeg seul

J’ai donc choisi RAW+Jpeg taille S (3Megapixels) et qualité « Norm«  (Basic au début, mais les dégradés prenait vraiment trop cher). (NB : seul le Jpeg est en basse qualité, le RAW est toujours en 16 megapixels haute qualité non compressée)

Nom de dossier

Une autre option possible sur les appareils Nikon est le réglage du nom dossier dans lequel sont enregistrées les photos prises : pour mieux m’y retrouver dans les transfert vers le PC, j’utilise un dossier par pays, sauf lorsque l’on reste trop longtemps dans le pays (ex : Turquie, Mongolie, Chine), où il est alors parfois nécessaire de séparer les photos du pays en deux ou plusieurs dossiers.
ex : Dossier 124D7000 : Iran ; 125D7000 : Turkménistan ; 126D7000 et 127D7000 : Oubzbékistan et ainsi de suite.
Ce système évite d’avoir au PC à gérer des dossiers avec trop de photos (temps d’ouverture plus long) et est plus clair lorsqu’il s’agit de faire des sauvegardes : grâce aux nombreux « petits » dossiers, il est plus facile de visualiser leurs différents emplacements, sans avoir à diviser les photos en en mettant un peu par ci et un peu par là.

Nom de fichier

Une autre option encore est le réglage du nom de l’image. On peut modifier le nom par défaut (DSC_0001.jpg) en changeant les trois première lettres. J’utilise pour faire joli les premières lettres du pays : à vous de deviner à quoi cela correspond : TUR, UZB, TKM, IRN, MON, CHI, KZH, etc… Cela n’a pas de rôle particulier, mais ça fait mieux que DSC qui ne correspond à rien !

Lors de la prise de vue

Pour ne pas se retrouver avec des milliers de photos chaque mois, une certaine rigueur est nécessaire. S’il est facile avec un appareil numérique de mitrailler, en espérant avoir une bonne photo dans le lot, cela n’est pas vraiment compatible avec le voyage en « autonomie » : prendre les photos consomme de la batterie, de la place sur la carte mémoire, et même si l’on peut les supprimer par la suite, de la batterie pour le temps de tri.
Donc pour ne pas avoir à traiter trop de photos, il suffit, et ça peut paraître bête, d’en prendre moins !

Il ne s’agit pas de ne pas prendre certains moments en photos, par « radinerie », mais juste de réfléchir avant de prendre sa photo, de vérifier les réglages, de cadrer en avance (souvent, c’est en regardant la photo prise que l’on voit que le cadrage n’est pas bon. Pourquoi attendre la photo pour réfléchir ?), attendre le bon moment avant de déclencher, etc. Comme cela, pour une « sortie » de l’appareil, il n’y a pas 20 photos mais deux ou trois. Avec un peu de chance, en plus, ce ne seront pas vingt « mauvaises » photos mais deux « bonnes » !

Pour bien concevoir cette « méthode », on peut s’imaginer en possession d’un appareil photo argentique, et ses 36 vues. Auriez-vous déclenché autant si vous aviez un nombre de vues réduit ? Qu’auriez-vous fait avant chaque photo ? Faîtes la même chose en numérique, vous verrez que le résultat est bien plus intéressant.

Tri basique des photos

Vous avez appliqué au mieux la méthode ci-dessus, et vous êtes un expert de la photographie : bravo, vous pouvez passer directement à l’étape suivante ! Dans le cas contraire, un petit travail de tri est à faire, pour écarter les photos visiblement ratées : floues, avec une personne qui passe devant, ou les photos doublées par sécurité (deux prises presque au même instant, pour sélectionner celle avec le plus de sourires, ou éviter un flou de bouger dans certaines situations délicates – je sais que cela semble contraire à la méthode ci-dessus, mais il ne s’agit pourtant pas de photos non réfléchies).

Ce tri peut s’effectuer directement sur l’appareil photo, si celui-ci a un écran convenable. Tous les soirs, couché bien au chaud dans mon duvet, je regarde les photos du jour et supprime le surplus non désirable. Il parait que je suis un peu sévère sur cette pré-sélection… Peut-être en effet, car certaines photos qui semblent vraiment ratées pourraient être récupérées avec un bon logiciel de retouche… sauf si elles ont été supprimées ! J’essaye de faire attention à présent !

L’avantage de faire ce premier tri sur l’appareil photo, outre le fait de pouvoir se faire rapidement et bien installé dans le lit, est que celui-ci supprime en une fois les fichiers JPEG et RAW de la photo. Pas besoin d’aller fouiller dans le dossier des photos, de regarder le numéro, de chercher le RAW correspondant etc. Bref, c’est plus facile !

Transfert vers l’ordinateur

Les photos sont prises, pré-triées, il faut à présent les utiliser ! Pour cela, il faut transférer les Jpeg dans l’ordinateur, et les Jpeg seulement ! Les RAW seront sauvegardés lorsque le dossier sera « terminé ».
Le transfert est du coup très rapide, car les fichiers sont peu volumineux : pas besoin d’attendre de longues minutes sous la tente que le transfert se termine.

L’autre avantage d’avoir des fichiers de petite taille est qu’on peut garder l’intégralité des photos du voyage sur le PC sans soucis (pas besoin de brancher le disque dur pour regarder les photos datant de la France par exemple).

Utilisation des photos sur l’ordinateur

Pour traiter les images avec le petit netbook que nous avons, il n’y a pas 10 000 solutions : il faut un petit logiciel simple et efficace (Lightroom serait trop lourd par exemple). J’ai testé pas mal de logiciels tournant sous Linux (car le PC n’a pas Windows mais bien Linux, ce qui est un autre sujet !), mais finalement c’est Picasa de Google qui a retenu mon attention pour différentes raisons :

  • Simple d’usage (détecte par exemple automatiquement les nouvelles photos dans le dossier image)
  • Possibilité de créer rapidement des albums regroupant des photos sélectionnées (pour un article du blog par exemple)
  • Possibilité d’exporter un album ou une sélection de photo dans un nouveau dossier (pratique pour envoyer sur le blog)
  • Redimensionnement des images exportées (pour un envoi plus rapide)
  • Ajout d’un watermark sur les photos exportées (dans notre cas, www.cycloreveurs.fr)
  • Création de collages : assemblage de plusieurs photos en une seule
  • Prise en charge de la légende des photos, qui est exportée avec l’image et réutilisée automatiquement dans le blog
  • Retouches rapides (recadrage, horizon, contraste, etc.) pour améliorer légèrement les photos si nécessaire : c’est basique mais au moins cela ne pousse pas à y passer trop de temps !

L’utilisation que l’on en fait est donc de regarder les photos, de les mettre dans des albums correspondant aux articles du blog que l’on souhaite écrire, puis exporter les albums. Dans un nouveau dossier sur le Bureau on trouve donc les images redimensionnées et watermarkées : on glisse celles-ci dans la page du blog, puis on supprime le dossier, aussi simple que cela !

Gestion des sauvegardes

La question cruciale. Combien de voyageurs avons-nous entendu dire qu’ils avaient perdu leurs photos de telle ou telle partie de leur voyage quand leur disque dur s’est cassé ? A qui cela n’est-il jamais arrivé ?

Et bien on l’espère à nous ! Nous faisons vraiment attention à ce que cela ne se produise pas, et voici comment :

La règle de base d’une bonne sauvegarde est d’avoir en permanence les fichiers à deux endroits indépendants : si l’un des support casse ou est perdu, alors on peut copier les fichiers du deuxième support vers encore un autre emplacement, pour avoir à nouveau deux copies. Mais comment faire en voyage ?

La carte mémoire de l’appareil photo constitue au début le premier support. Pour le deuxième on peut utiliser un disque dur portable de bonne capacité. Cependant, quand la carte mémoire est pleine, il faut faire de la place. C’est à ce moment qu’il faut absolument penser à dupliquer les photos du disque dur vers un autre emplacement. L’ordinateur est une bonne solution, mais va vite saturer. Comme support de stockage supplémentaire, nous avions prévu des cartes SD de 16Go. Cela revient plus cher au Go qu’un disque dur (18€ la carte 16Go à l’époque), mais celles-ci sont à toute épreuve et peuvent être envoyées par la poste en France si nécessaire (pas besoin de vous dire sinon que la gravure de CD relève d’une autre époque !)

Avoir deux copies de chaque photo devient presque impossible au bout d’un certain temps, du fait du volume accumulé… La solution miracle : faites venir quelqu’un de France 😉 pour passer du temps avec vous et repartir avec son disque dur rempli de vos photos : il sera le deuxième emplacement, vous faisant gagner une place folle dans vos disques et cartes !

Ne négligez pas ce travail certes laborieux, mais qui est irremplaçable en cas de pépin s’il n’a pas été bien fait !

Après le voyage

Une fois rentré (et si les sauvegardes se sont bien passées ;), vous vous retrouvez avec plusieurs milliers voir dizaine de milliers de photos. Comment gérer tout cela ? Et bien je n’en sais rien, étant encore en voyage, mais j’imagine un peu.
Tout d’abord, il va falloir un bon PC pour traiter sans peine une bibliothèque en RAW. Fini le petit netbook ! Ensuite, il faudra du temps : même si on connaît déjà les photos, qu’on les a déjà triées et sélectionnées, leur nombre rendra la tâche fastidieuse !
Il faudra décider de ce que l’on en fera : une sélection pour un album photo ? Un livre photo ? Une sélection pour une expo (et oui, on peut toujours rêver !) ? Pour chaque utilisation, le niveau d’attention que l’on doit porter aux photos est différent, et un tirage 10×15 ne nécessite pas autant de travail qu’un potentiel tirage 100×150 ! Je pense qu’il faut limiter les « retouches » à un faible nombre de photos, sous peine d’y passer autant de temps que le voyage…

Enfin bon, tout cela est encore pour dans longtemps, et en attendant, tâchons de prendre de belles photos !


Disclaimer

Les méthodes décrites ci-dessus ne sont pas universelles, mais sont celles que j’ai choisies personnellement, et que j’ai souhaité partager. D’autres voyageurs rencontrés ont une vision bien différente (RAW seul, retouche sur place avec un MacBook Air par exemple), et pourtant tout aussi mûrie : chacun ses envies !

Et vous, comment faites-vous avec vos photos ?

5 réflexions sur « Gérer ses photos en voyage »

  1. henrilep

    Sans oublier le stockage en France des clichés rapatriés par ceux venus de France.
    Près de 15000 clichés représentant 160 Go de données, ce qui correspond à 30000 clichés et 330 Go si l’on conserve les clichés classés par pays et aussi tels que figurant dans les vecteurs de transports (disque dur ou carte SD).
    330 Go doublement conservés dans deux serveurs en RAID 1 différents et aussi sur un disque dur externe.
    Histoire que les deux cyclorêveurs ne soient pas obligés de refaire même couchés deux ans de vélo pour reprendre des photos perdues…
    HL

  2. Olivier B

    Mon approche (14 mois de voyage, 18 000 photos) :

    Réglages de l’appareil photo :
    Un petit réflex panasonic GH2.
    Jpeg seul. Meilleure qualité possible. Comme j’avais prévu de faire des vidéos en même temps (HD) je comptais 1To maxi (un disque dur portable)… ce qui ne me permettais pas trop de faire du RAW. En plus je me doutais que je reviendrais avec des milliers de photos et que je ne passerai pas beaucoup de temps à les retoucher étant donné le volume.

    Lors de la prise de vue
    Pas trop critique, je préfère doubler une vue plutôt que de la manquer.

    Tri basique des photos
    Rien sur l’appareil car trop consommateur de batterie.

    Transfert vers l’ordinateur
    Déplacement de toutes les photos sur le SSD interne du macbook air + sur le disque dur externe.
    Déplacement des vidéos sur le disque dur externe… j’ai accepté dès le départ de pouvoir « perdre » les vidéos (mais pas les photos).
    1 dossier par pays, un sous-dossier pour les vidéos.

    Utilisation des photos sur l’ordinateur
    Tri rapide pour supprimer les photos floues, ratées…
    Redimensionnement (script Photoshop) pour générer des versions « web » des photos.

    Gestion des sauvegardes
    Upload des versions web au fil de l’eau quand je trouvais une connexion internet
    Upload des versions haute définition sur un serveur lors de connexions haut débit stables (genre hébergé 2/3 jours chez des couchsurfeurs)
    Après confirmation d’un upload réussi sur le serveur, suppresion des versions « haute définition » du SSD du macbook air (mais bien entendu conservation de la copie sur le disque dur portable).
    En alternative à l’upload, la copie sur le disque dur d’un ami/membre de la famille lors de rencontres.

    Après le voyage
    Import des jpeg dans Lightroom… c’est moins bien qu’un raw mais un jpeg est quand même retouchable et exploitable.
    En pratique : 6 mois après le retour j’ai … rien retouché…
    Côté vidéos c’est un peu pareil…

    RETOUR SUR LES CHOIX
    L’appareil : c’était un compromis (GH2 + 1 seul objectif « à tout faire » 14-140)… un bon compromis mais pas le rêve… un bon rapport qualité/poids… mieux qu’un compact… mais que mon matos Canon, mes objectifs fixes, mon filtre dégradé gris… m’ont manqué !

    RAW vs JPEG : pas trop d’avis. Je suis 100% RAW au quotidien, pendant le voyage en effet si on peut faire raw+jpeg basse def, autant en profiter, notamment pour s’éviter le process de redimensionnement sur l’ordinateur. Après quand il faut faire des compromis… ben on en fait 🙁

    Traitement : grosse merdouille de mon côté, j’avais tablé sur la gestion récit avec insertion de photos. En pratique ça a été ingérable car écriture du récit sans les photos sous les yeux puis gestion de toutes les photos d’un coup, pas de moyen d’insérer manuellement les images dans le récit, pas de légende… En effet si c’était à refaire je plancherai sur Picasa (testé sur la fin du voyage) avec les fameuses données IPTC (légendes).

    Sauvegarde : en pratique, RAS. J’ai toujours réussi à avoir mes 2 copies en permanence sans trop de souci. En Europe (notre voyage) aucun souci pour uploader. La palme : un connexion fibre optique en… Lituanie, jamais vu un tel débit, même à mon boulot à Paris 🙂

    Après : donc dans Lightroom j’ai mes 18 000 photos… je ne sais pas encore trop quoi en faire pour l’instant:-) En théorie il faudrait commencer par un tri/notation (passes successives pour noter les photos de 1 à 5 étoiles par exemple)… et ensuite retoucher les photos avec une note supérieures à un seuil. Mais l’ampleur de la tâche me rebute un peu.
    Pas fait un tirage papier, pas un livre… je pense que ça viendra avec le temps.

    Bonnes photos !

  3. les Cyclorêveurs

    Merci pour la description de ton approche qui complète bien l’article ! Parfois j’aurai envi aussi d’avoir un pc avec un meilleur écran et un poil plus rapide, mais ca sera la seconde joie de «découvrir» vraiment les photos au retour !

    Et toi, quand est-ce que tu nous fais une petite section dans ton site avec les plus belles photos du voyage ?

  4. Michel

    De mon côté : voyage à vélo couché d’un peu plus de 8 mois.
    Appareil photo : un petit compact Olympus XZ-1.
    Ordinateur : un MacBook Air 11 pouces.
    Logiciel utilisé pour la gestion des photos : Lightroom.

    J’ai pris 817 photos sur toute la durée du voyage, ce qui est très peu comparé à la plupart des gens rencontrés. C’est peut-être dû au fait que j’ai fait de la diapo pendant de nombreuses années… J’ai tout fait en RAW (sans JPEG), importé sur Lightroom de temps en temps, puis publié dans ma galerie Flickr.

    Pour la sauvegarde, j’avais une copie de chaque photo sur la carte SD (jamais vidée), qui se trouvait dans l’appareil, et une copie sur le disque de mon ordinateur. C’est un peu risqué comme approche, mais comme les meilleures photos étaient toujours disponible sur Flickr, je me suis dit que cela suffisait. J’avais emporté une seconde carte SD de 16 Go mais je ne l’ai jamais utilisée.

    Ah, je faisais le transfert entre l’appareil et l’ordinateur au moyen d’un tout petit lecteur de carte Transcend RDP 5 minuscule (de la taille d’une clef USB, en gros) qui avait l’avantage de me servir de clef USB justement, les quelques fois où j’en ai eu besoin.

    Michel.

Les commentaires sont fermés.