Le Japon, pays des arts martiaux ?

En France, c’est surement l’une des premières choses qu’on imagine lorsque l’on pense au Japon : les arts martiaux japonais sont en effet extrêmement populaires en France, avec un nombre de pratiquants dépassant les 600 000 pour le judo seul par exemple !

Je m’imaginais alors tomber dans un pays avec des dojos traditionnels à chaque coin de rue, et un niveau de pratique incroyablement élevé… J’ai un peu déchanté, j’avais des attentes trop fortes ! Voici un aperçu de ce que nous y avons tout de même trouvé !

Histoire du Japon, axée arts martiaux

Tout d’abord un peu d’histoire pour comprendre comment tous les arts martiaux ont pu se développer et perdurer jusqu’à présent dans ce pays. Je ne vous fais pas le détail précis, que je ne connais pas d’une part, et qui serait un peu rébarbatif d’autre part ! Voici un résumé qui donne les grandes idées à la place, ça suffira !

Il était une fois, dans un pays très très reculé…

Le Japon, pays insulaire, est resté longtemps coupé du monde extérieur. Il reçoit tout de même de fortes influences chinoises, qui connait des périodes où sa civilisation est incomparable. Les origines des arts martiaux viennent donc de l’Empire du milieu, mais les techniques seront ensuite assimilées, notamment pendant les longues périodes de guerre civile, ou plutôt de lutte de pouvoirs entre les seigneurs des différentes provinces (shoguns).

A partir du XIIe siècle, une caste de guerrier est créée : les samouraïs. Ceux-ci développent des techniques de combats très efficaces, car leur survie dans le chaos du pays dépend beaucoup de leur habileté au combat. Au-delà de la technique pure, un esprit spécifique à la caste des samouraïs nait, le Bushido, dont la pratique du Seppuku, ou hara-kiri, est l’aspect le plus connu en France. Ce n’est pourtant pas le plus représentatif de cette Voie, inspirée du bouddhisme, qui donne un « but dans la vie » aux guerriers.

La période Edo

Miyamoto Musashi, célèbre samouraï qui cherche à parfaire sa Voie

Miyamoto Musashi, célèbre samouraï qui cherche à parfaire sa Voie

A partir du XVIIe siècle, un shogun parvient à « conquérir » tout le Japon, et ainsi à l’unifier : c’est la paix, après presque un millénaire de guerres incessantes ! C’est l’époque Edo, du nom de la nouvelle capitale du Japon, l’actuelle Tokyo. Les samouraïs, caste supérieure du Japon, bien installés dans la société, deviennent peu à peu obsolètes… Face à cette inaction guerrière, ils codifient et perfectionnent leurs techniques aux arts martiaux mais aussi en calligraphie, cérémonie du thé et autres arts qui prennent place dans le Bushido, la voie du guerrier. De nombreuses écoles d’arts martiaux, les koryus, chacune ayant des particularités (armes, techniques, stratégies, etc.), permettent aux samouraïs de s’entrainer, en se défiant les uns les autres. La caste perdure ainsi encore pendant près de deux siècles, sans doute et entre autre « grâce » à la décision de fermeture hermétique des frontières par le shogun, qui espère ainsi préserver l’unité du Japon.

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Calligraphie attribuée à Miyamoto Musashi, qui n’est pas seulement un sabreur talentueux mais un amateur d’Arts

Les samouraïs étant de moins en moins utiles en tant que guerriers, ils peinent souvent à se faire embaucher pour leurs services. Ils deviennent donc peu à peu fonctionnaires, ou battent la campagne en tant que rônins, lorsqu’ils n’ont plus de maitre à servir.  Ces derniers se mettent progressivement à dos la population, qui commence à ne plus supporter cette caste si privilégiée.

Occidentalisation (encore !) du Japon : ère Meiji

En 1868, le Japon s’ouvre au monde, sur « impulsion » des Etats-Unis, et de leurs canonnières. Le pouvoir est transféré à l’Empereur Meiji, qui donnera son nom à l’ère qu’il débutera. Il entame très rapidement des réformes majeures du pays sur le modèle occidental, et en profite pour supprimer la caste des samouraïs. Malgré une révolte de certains d’entre eux, les samouraïs disparaissent, n’ayant définitivement plus leur place dans la société moderne : ils se fondent en fait dans cette nouvelle société, en occupant des postes haut placés dans l’administration, dans l’armée, ou en tenant des koryus.

Pratique de l’aïkido à Kyoto

L’ère des guerriers révolue, les koryus ne sont plus aussi populaires que par le passé,  car trop dangereux dans une situation de paix durable. Certains pratiquants créent, en faisant un mix des enseignements des koryus, de nouveaux arts martiaux : ceux-ci ne sont plus basés sur l’efficacité seule, mais sur le perfectionnement de soi-même. Jigoro Kano se base ainsi sur le Ju-jutsu en lui enlevant les techniques jugées trop dangereuses pour créer le Judo, qui se rapproche ainsi plus d’un sport que d’une pratique purement martiale.

Pas de séquelles après une technique d’aïkido ! (celle-ci n’est pas forcément réglementaire !)

Le Karaté, le Kendo et l’Aïkido sont d’autres représentants de ces nouvelles pratiques, appelées Gendai Budo, différentes des pratiques enseignées dans les koryus.

Le retour des samouraïs !

Après une trentaine d’année de modernisation fulgurante, le Japon se sent à l’étroit dans l’archipel : fort de sa nouvelle puissance, et profitant du déclin de la Chine, il se prépare à la guerre. Les samouraïs et le Bushidô ressortent des cartons pour accentuer le sentiment nationaliste des japonais. “Vous êtes tous des Samuraïs !”. Les officiers de l’armée impériale portent des katanas à la ceinture (comme celui que j’ai récupéré en Mongolie), la fidélité à la patrie est calquée sur celle supposée des samouraïs à leurs maitres… Les qualités des samouraïs dépassent alors sur le papier celle des braves mousquetaires de chez nous ! Le résultat est connu de tous, avec la combattivité sans limite des japonais engagés dans l’armée, qui vont même jusqu’à devenir kamikazes avec fierté.

Période contemporaine

Après la défaite de 45 et l’occupation américaine, l’enseignement des arts martiaux est interdit sur l’archipel, par peur de faire renaitre le sentiment nationaliste. L’Aïkido sera le premier à être à nouveau officiellement autorisé, cinq ans plus tard, de part sa nature non-violente. La plupart des koryus continuent pourtant leurs enseignements, mais de façon assez restreinte, contrairement aux gendai budos qui font parti de l’enseignement obligatoire à l’école, et qui s’exportent incroyablement bien à l’étranger.

Vous avez une idée un peu plus précise de l’histoire des arts martiaux à présent. J’ai fait de mon mieux, surtout que l’enregistrement de l’article a échoué au milieu, que j’ai perdu une grande partie de ce que j’avais rédigé m’obligeant à recommencer… Rageant !

Tout ça pour dire…

Les gendai budos sont connus de la population japonaise, mais ne sont pas pratiqués plus que ça après la période obligatoire… Pour reprendre les chiffres du Judo, il y aurait 600 000 pratiquants en France contre seulement 200 000 au Japon, c’est dire ! Nous avons donc eu du mal à trouver des endroits où sont pratiqués ces arts martiaux, mais finalement nous avons pu en croiser quelques-uns, à Kyoto, et bien sûr à Tokyo où nous pratiquons actuellement tous les jours, matins et soir, à l’Aïkikai, la maison mère de l’Aïkido.

Entrainement intensif !

Nous avons deux à trois cours d’une heure par jour, le premier le matin à 7h, et les autres l’après midi, à 17h30 ou 19h. Nos “performances” à vélo ne nous ont pas été très utiles pour l’aïkido : la première semaine a été vraiment très dure physiquement, nous étions clairement dépassés ! Si le cœur tient bon le rythme, les muscles autre que les cuisses n’ont pas été assez sollicités ; nous découvrons à nouveau notre corps dans sa totalité, cela fait du bien dans un sens !

Pour ceux qui veulent en savoir un peu plus sur le stage que nous avons commencé, vous pouvez nous poser des questions dans les commentaires ! (je conseille aussi aux plus curieux l’article d’un autre blog qui explique tout, et dont nous nous sommes servi pour organiser notre aventure ici !)

A bientôt !

2 réflexions sur « Le Japon, pays des arts martiaux ? »

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