Interview exclusive de l’homme qui voulait suivre les cycloreveurs


Comme promis,voici un petit interview de notre invité d’honneur en Ouzbékistan, en direct pour vous ! #live #Ouzbékistan #Cycloreveurs

Cycloreveurs : Où avez-vous trouvé votre vélo ?
> François : A Tashkent, dans un magasin spécialisé dans le matériel de sport.
Ce qu’il faut savoir, c’est qu’il n’est pas facile de négocier, mais ils sont plusieurs magasins côte à côte sur la rue Shaykhontohur. Ne pas aller au grand du milieu, mais essayer celui tout à droite, avec qui j’ai pu discuter par la suite et qui pourrait proposer de bonnes offres. Il faut négocier bien sûr.


Êtes-vous satisfait de votre matériel, la selle tout ça ?

 
> Le vélo made in China était de qualité très médiocre, ainsi que la selle, qui m’a beaucoup fait souffrir le popotin, mais cela faisait partie du jeu. Le vélo a tenu les 200 premiers kilomètres mais il ne fallait pas en demander plus…

Qu’est-ce qui vous a plu dans le fait de voyager à vélo ?
> Se faire klaxonner dessus à longueur de journées… Non, ça c’était la partie moins fun… A vélo, et surtout, accompagné des deux acolytes à vélo couchés, ça crée de la curiosité et du coup tout le monde vient nous voir, nous proposer d’aller boire un thé chez eux, voire manger, voire même dormir, ce qui arrive très souvent et permet de faire de nombreuses rencontres.


Qu’est-ce qui vous a paru le plus difficile ?
> En vrac, la montée du col à 1600m entre Samarcande et Shahrisabz [ndlr : en fait c’était autour de 1800m, et oui !], la course poursuite dans les rues de Langar contre un vieux fou, ou encore jouer à cache-cache avec les cafteuses physionomistes des musées qui crient « bilièt bilièt » même si ça, ça n’était pas à vélo…

Et l’Ouzbékistan, c’est comment ?
> L’Ouzbékistan est un très beau pays, avec des gens particulièrement sympathiques. Pas de mots pour décrire, juste essayez, vous verrez…
Un détail, parler un peu le russe aide é-no-rmé-ment.

Pouvez-vous nous décrire une rencontre qui vous a particulièrement marqué ?
> Lors de notre visite de Shah-i-Zinda, la ruelle des mausolées de Samarcande, nous avons fait la connaissance d’un mollah qui faisait la prière et nous a invité à le rejoindre lors de la prière, puis nous décrit la pièce dans laquelle nous étions. Puis, comme le courant avait l’air de bien passer, vu notre intérêt et son envie de partager sa passion pour ce lieu, nous avons fait tout un tour de ce lieu magique, nous expliquant de nombreux détails et nous ouvrant les portes des endroits normalement fermés. Une belle rencontre en somme pour une heure passée à l’écouter parler de l’histoire de ce très beau pays.

Pouvez-vous décrire comment vivent les cycloreveurs ?
De mon point de vue, j’ai ressenti l’organisation à moyenne et grande échelle, c’est-à-dire le but que ce soit le but final, a priori le Japon, celui qu’on crie à ceux qui demandent où ils vont, après bien sûr avoir demandé d’où ils viennent. Ce but n’étant que la moitié du voyage, il faudra ensuite crier deux fois France, pour expliquer qu’ils en viennent et y reviennent.
Et il y a l’organisation à petite échelle, donc là on en vient à l’absence d’organisation, car il s’agit de la découverte perpétuelle, de trouver où ils vont bien pouvoir dormir, qu’il s’agisse de l’endroit où planter la tente ou faire une rencontre qui fera qu’ils passeront une soirée à discuter avec une famille inconnue et tenteront de la comprendre.
En bref, le cyclorêveur garde a priori en tête le but final mais vit chaque jour de façon inconnue, les sens ouverts à de nouvelles découvertes.
Cela correspond-il à ce que vous aviez imaginé ?
> Plus ou moins.

Sont-ils de bons ambassadeurs de la France ?
> Qu’est-ce qu’un bon ambassadeur de la France ? Quelqu’un qui serait fier du fromage / saucisson / vin rouge ? Dans ce cas, sans doute, oui, sauf que Guilhem n’aime pas le vin rouge. Pour ce qui est des sandales en portant un ensemble Quechua… oui aussi ! [ndlr : c’est faux, nous n’avons que les gourdes Quechua ;)]

Est-ce compliqué d’organiser une telle excursion (ça nous arrangerait que tu dises non pour que d’autres personnes aient la bonne idée de nous rejoindre en chemin !) ?
> De mon point de vue, le plus dur a été de se dire « allez je me lance ». Une fois le billet d’avion acheté, je n’ai plus eu le choix.
Je savais que l’étape délicate serait la location du vélo, car je ne trouvais pas d’infos pour cela sur le net. Au final, Philippe (le vélo) a tenu jusqu’à Guzar, le but que nous nous étions fixés. Après, E&G avaient tout le matériel qu’il fallait donc je n’avais qu’à venir avec mon sac de couchage et mon tapis de sol, et c’était parti… avec bien sûr le stock de saucisson nécessaire à leur ravitaillement.

Si c’était à refaire, comment vous organiseriez-vous ?
> Il n’y aurait que le vélo. Je sais maintenant que j’aurais pu obtenir un meilleur vélo, mais ce n’était pas évident sachant que je n’avais que quelques heures à Tashkent pour trouver le vélo avant de les retrouver, et de toute façon, cela faisait partie du jeu d’arriver à les suivre avec Philippe, le vélo Ouzbèk.

Il paraît que le retour a été un peu épique, pouvez-vous nous en dire plus ?
> Ce qu’il faut savoir pour l’Ouzbékistan, c’est qu’il faut s’enregistrer auprès des autorités dans les 3 premiers jours dans les bureaux officiels ou les hôtels agréés (ce que j’ai fait) mais pour la suite, la règle devient floue: il faut s’enregistrer dès que l’on passe une nuit en ville. Une règle que l’on entend souvent serait qu’il faut s’enregistrer au moins tous les 3 jours ce qui s’avère difficile quand on dort sous la tente car il faut pouvoir prouver que l’on était pas en ville.

Ainsi, en suivant les cyclorêveurs, je n’ai pas pu m’enregistrer pendant 5 jours et lors de mon arrivée à Tashkent, je me suis vu refuser l’accès à une auberge de jeunesse et un hôtel. C’est donc en plein doute que je me suis pointé chez un habitant de Tashkent très sympathique trouvé sur Couchsurfing.
Le lendemain, deux couch surfers se sont pointés chez lui le midi, un allemand et une russo-australienne, très sympas et qui sont devenus mes anges gardiens m’offrant un bon d’enregistrement vierge pour un hôtel de Khiva, ce qui pouvait me dépanner à l’aéroport mais évidemment, ne me permettait d’être réellement enregistré auprès des autorités.
Donc jusqu’au bout, le stress a été à son comble, mais à l’aéroport, on ne m’a rien demandé… Ce qu’il faut savoir, c’est que l’amende peut s’élever à quelques dizaines d’euros… de bakchich à quelques centaines d’euros… d’amende cette fois.
Suite à cela, aurais-je un conseil ?? Demandez à quelqu’un qui joue au poker s’il a des conseils… c’est du bluff, s’il vous manque des tickets, il ne vous reste qu’à faire des blagues aux douaniers…
Un mot pour finir ? 
> Si l’aventure vous tente pour les suivre, n’hésitez pas, foncez !
 François