Kirghizistan, deuxièmes impressions

En arrivant dans ce nouveau pays, nous arrivons aussi dans une nouvelle zone géographique. En effet, nous quittons le plateau du Pamir pour dévaler dans la plaine d’Osh puis la vallée de Fergana ensuite.

Quelques flip flop pour commencer !

Puis une descente plus douce. Les montagnes sont encore la !
Le marche de Osh en conteneurs, rempli d’Alpen Gold, houra !

Au début, nous sommes trop contents de retrouver ces plaines cultivées, un soupçon de civilisation et le confort qui l’accompagne. Pendant plusieurs jours, nous nous étonnons de voir des arbres, des étals de fruits et légumes le long de la route et des animaux autres que des moutons et des yaks. Le paysage est tellement varié qu’on se croirait presque en France par moment !

Le boulevard de la pasteque

Grand canyon ?

Mais nous retrouvons aussi beaucoup d’autres éléments des routes de plaines comme le trafics et les klaxons, les gens qui demandent à nous prendre en photo, les « ot kouda » hurlés par la fenêtre des camions qui passent un peu trop près ou encore les routes rectilignes et plates. Et là, tout à coup, nous regrettons notre plateau tranquille !

Les gens que nous croisons (on ne sait pas bien si ce sont des kirghizes ou des ouzbèkes, puisque la région fait l’objet de conflits encore actuels et non résolus, la dernière révolte date de 2010 où des civils ouzbèkes et kirghizes vivant au Kirghizistan se sont violemment affrontés), ne sont pas forcément d’une sympathie incroyable. Certains nous donnent parfois des fruits, mais la plupart ont du mal à nous rendre ne serait-ce qu’un signe de la main. Parfois même des conducteurs débiles (le genre « regardez-moi, je roule en grosse Chrysler alors que mon voisin crève la dalle ») s’amusent à nous faire des queues de poisson ou nous jeter des détritus.

En conclusion, on voit beaucoup plus de monde par ici, sans pour autant rencontrer des personnes dont le contact nous encourage à nous immiscer plus dans leur pays pour le moment.

Besoin de repos ?

C’est ce que nous pensons jusqu’à ce qu’on rencontre ce gardien d’aire de loisirs, cette garnison de militaires hors service et ces deux transporteurs de patates.

Le premier, nous le rencontrons au bord d’un lac. Cela ressemble à un grand restaurant abandonné, il y a quelques tapchans installés pour s’asseoir sous les arbres, une plage en cailloux et même un pédalo ! Mais sinon, personne, juste ce gros bedonnant qui nous offre une corbeille entière de fruits. Il nous laisse peinards après s’être renseigné sur les questions d’usage : d’où venez-vous ? Où allez-vous ? Il comprend bien que nous avons envie de profiter de l’endroit au calme, ce qui n’est pas le cas de la cinquantaine de Kirghizes qui débarquent quasiment d’un coup quand sonnent 15h. La musique à fond et les gros lourdaux qui hurlent sonnent notre départ. Cet endroit est bien un espace de loisirs, mais nous repartons en invités de monsieur, merci !

Non loin de la « base de loisirs »

Quelques jours plus tard, nous approchons d’un immense lac entre les montagnes. Le soleil décline et nous serions ravis de nous installer au bord du lac. En descendant, nous tombons sur un emplacement idéal : un verger d’abricots avec un point d’eau et un terrain plat, le tout assez éloigné de la route. Mais, en nous approchant, nous nous rendons compte que nous arrivons à nouveau à beaufland. Il y a une foule de gens qui s’activent, barbecue et plov en préparation et dancefloor sur musiques occidentales… Il faut qu’on trouve un endroit un peu à l’écart, nous ne sommes pas dans l’ambiance pour la bamboula qui nous attend !
Nous n’avons pas le temps de nous enfuir, nous sommes invités illico à partager la piste de danse et le plov, bon.


Et finalement, nous découvrons que nous avons atterri en pleine journée de loisirs organisée par la garnison de la ville d’à côté. Tous ces gens qui remuent aux sons de J-Lo sont donc des militaires !
Nous sommes invités à la table du commandant qui nous explique un tas de choses et qui est la première personne d’Asie centrale avec qui nous avons une discussion approfondie et intéressante, c’est quelque chose ! Et, comble de la bonne nouvelle, en plus de rencontrer des gens intéressants, il n’est pas question de bamboula jusqu’à l’aube. A 10h du soir, le commandant annonce la dernière musique, quand elle se termine, pas de protestation, en dix minutes, tout le monde a rassemblé ses affaires et s’est réparti dans les voitures pour lever le camp. Nous sommes à l’armée, et ça se sent !
En ce qui nous concerne, nous avons gagné une yourte pour la nuit, extra !

Merci au commandant heureux et sage !

Enfin, voilà le moment venu de faire un peu de stop. Nous sommes pressés, fatigués et les deux gros cols qui se profilent à plus de 3 000 mètres d’altitude avant Bishkek sont un obstacle trop important par rapport à nos moyens. Alors, après un petit dèj sur la plage (pas de mer au Kirghizistan, mais toujours ces retenues d’eau partout !), nous allons nous poster en bord de route.
C’est dimanche, le trafic n’est pas très dense, mais il ne faut pas plus de deux véhicules qui passent avant qu’un camion ne s’arrête pour nous prendre. La camionnette transporte 5 tonnes de patates (au lieu de 3,5 max normalement…), deux conducteurs et déjà deux autres passagers ! Nous nous glissons quand même dans la cabine, nos vélo avec les patates, et nous voilà embarqués vers la capitale.

Vue grand angle de la cabine

Les paysages que nous traversons sont magnifiques, nous apercevons les hordes de chevaux paître tranquillement dans ces pâturages d’altitude bien verts et fleuris comme seulement quelques semaines dans l’année. Sur les bord de la route, des apiculteurs vendent leur miel et des semi-nomades leur kymiz (lait de jument fermenté). Nous goûtons quelques spécialités offertes par nos transporteurs.
Il leur faut un moment pour se détendre et discuter vraiment, mais nous finissons par nous familiariser les uns aux autres et on rigole bien. C’est que le voyage est un peu long : l’engin est un peu trop chargé et le moteur chauffe. Heureusement, nous sommes dans une vallée, et l’eau du torrent fait office de liquide de refroidissement à grand renfort de seaux d’eau giclés sur le moteur fumant tous les cinq kilomètres en montée (je vous rappelle que nous avons deux cols à 3 000 m d’altitude à passer, avec un point de départ à à peine 1 000 m, ça vous laisse imaginer le nombre d’arrêts…). Mais le moteur qui chauffe n’est pas le seul problème, parfois, les vitesses se desserrent, et il faut les passer « à la main » en ouvrant un capot qui donne accès au moteur depuis l’intérieur de la cabine, le tout en roulant bien sûr !
Enfin, cette journée de camion a été épique (pour 500 km à parcourir, nous avons battu le record d’un Paris-Morvillars en 13 heures avec l’espace !). Nous avons débarqué dans la capitale à 10h du soir, pas forcément idéal pour rouler et trouver un logement, mais tout s’est bien passé !

Les cimetieres ont leur cachet !