Archives de catégorie : Iran

Censure du web, épisode 2

J’avais déjà publié un article à ce sujet concernant un projet de loi liberticide du net en France. J’avais expliqué pourquoi la mise en place d’un filtrage, même pour une cause qui pouvait sembler honorable, était le premier pas vers une possible dérive incontrôlable des ‘justiciers’ du Net.

Cette dérive, nous avons pu l’observer en Iran : là bas, un système similaire à ce qui est proposé en France est bel et bien mis en place, avec ses nombreuses conséquences fâcheuses. Tout d’abord, pour le citoyen (je sais pas si on les appelle encore comme cela !) ou le voyageur moyen, l’effet est direct, voici une petite liste des mesures prises :

• Censure de tous les sites comportant des mots comme ‘sex’ ou ‘politic’ : sûrement l’une des premières mesures prises par le gouvernement islamiste, cela étant directement interdit par le Coran (à la manière de la France avec la pédophilie). Nous avons entendu des histoires de professeurs/chercheurs effectuant une thèse sur la reproduction d’animaux se plaindre au recteur que la totalité des sources d’informations dont ils avaient besoin pour mener à bien leurs projet étaient censurées…

• Censure de tous les sites d’expression ou de partage : blogs, réseaux sociaux, site de téléchargement, etc. Pour cela, ils n’ont pas fait dans la dentelle : blocage simple et méchant des sites tel que blogger.com, over-blog.com, et tous ceux qui hébergent des blogs (même technique que ce qui est proposé en France pour les sites de pédophilie). De même pour Facebook, Twitter, et pour les nombreux sites de partage (FlickR et Picasa pour les photos, YouTube et Vimeo pour les vidéos, Google Docs et assimilés pour les documents, etc.).

• Analyse de tous les contenus transitant par le Net : sans doute le plus grave de tout cela. Un peu à la manière de ce qui est fait à la poste d’Iran, où lorsque l’on vient avec une lettre fermée à poster, ils l’ouvrent tout simplement, regardent dedans puis la referment en mettant des tampons « c’est bon » sur le scotch. Sur le net même technique : tout ce qui transite sur le net est analysé par la méthode dite dpi, Deep Packet Inspection. Exemple : vous êtes française en Iran pendant les élections présidentielles iraniennes, qui, probablement truquées, provoquent la colère des iraniens qui descendent dans la rue. Vous parlez tout naturellement de ces événements dans des mails à votre famille, tout en indiquant que pour vous tout se passe bien. Erreur ! Les autorités iraniennes, ne voulant pas qu’une telle nouvelle sorte de ses frontières, a mis des mots clés sous surveillance : vos mails les contenant, ils sont lus par des cyberpoliciers qui vous arrêtent ensuite et vous mettent en prison un an pour espionnage. Cette histoire n’est malheureusement pas inventée, car c’est celle de Clothilde Reiss, datant d’il-y-a deux ans environ… Tout cela pour dire qu’il est peu pertinent d’envoyer des nouvelles détaillées à sa famille pendant son séjour en Iran, tout étant analysé et potentiellement lu par n’importe qui…

Enfin, il ne faut pas dramatiser non plus, il est toujours possible de se connecter à tous les sites web en utilisant quelques astuces ! (Méthode non conseillée toutefois pour les véritables espions souhaitant envoyer les plans de l’usine militaire d’enrichissement d’uranium)
Pour accéder à notre blog, à notre page Facebook et tout depuis notre PC, nous avons utilisé un petit logiciel, qui ne nécessite pas d’installation, et qui fait office de proxy, c’est à dire qu’il crée une sorte de tunnel entre le PC et un autre endroit du monde. Ce logiciel s’appelle FreeGate et est gratuit. Pour les personnes se trouvant dans une zone qui pratique la censure, il sera peut-être difficile de l’obtenir alors voici un petit lien de téléchargement pour lé récupérer plus facilement ! (enlevez les XXX pour obtenir un exécutable en .exe normal).

freegate  


Pour l’utiliser, c’est facile : lancez le logiciel, puis utilisez IE pour surfer !

Voilà pour cet article un peu geek, mais qui a une implication pour tout le monde. J’espère qu’avec le changement de présidence, la dérive liberticide du net français va s’arrêter ! 🙂

Iran : fonctionnement des boulangeries

Petit flash back pour un article que nous avions oublié de poster, à propos des boulangerie d’Iran !

Cela mérite en effet un petit article, leur fonctionnement étant quelque peu différent de ce dont a l’habitude en France et dans d’autres pays.

Le pain est préparé devant tout le monde, dans la pièce unique de la boulangerie

Leur spécificité est la suivante : le pain est fabriqué en flux tendu. Les pains ne sont pas cuits à l’avance, les boulangers n’en préparant qu’une petite quantité à la fois, qui part quasi instantanément avec les gens qui font la queue. L’avantage est que le pain est bien chaud, mais cela implique de faire la queue à chaque fois, ou d’attendre l’heure de la prochaine fournée…


Petit cours de fabrication de pain à l’iranienne :


Faire une boule de pâte, puis l’aplatir sur la table
Avec les doigts pleins de farine, faire des petits trous et des petites bosses dans la pâte

Cette technique donne un mix entre du pain croustillant (au niveau des trous) et moelleux (au niveau des bosses) : c’est excellent, et je sais de quoi je parle en matière de pain !
Par contre, la durée de vie de ce pain et très faible : une fois froid, cela devient très vite soit très sec soit tout mou… D’où la nécessité de ne faire que des petites fournées !

Mettre le tout sur la plaque tournante passant dans le four : au bout de trois tours, c’est cuit !

Le four tournant, fonctionnant au gaz, ne nécessite pas de préchauffe, et semble très efficace : le temps de mettre les derniers pains sur la plaque, les premiers sont cuits : pas de temps mort !

Les pains chauds trouvent tout de suite acquéreurs !

Petit cours supplémentaire d’une vielle dame à Eglantine, pour lui montrer comment emballer le pain dans un sac plastique puis faire le noeud !

Malheureusement, tous les pains iranien ne sont pas de ce type, et nous en avons goûté d’autres, très fins, ressemblant à du carton, que nous n’avons pas trop aimés…

Je veux être nomade !

Entre Mashad et le Turkménistan, il semble qu’il y ai quelques nomades, ou du moins, des éleveurs qui pratiquent la transhumance.
Nous remarquons ça en apercevant depuis la route des camps faits de tentes, avec un enclos temporaire à côté, quelques voitures, des poules et des chiens.

 

Une colline plantée de moutons !

Mais ces « nomades » vont nous offrir ce moment qui restera gravé dans nos mémoires parmi les plus forts du voyage… Alors, c’est difficile à partager, mais essayons quand même !

Lors d’une de nos dernières étapes iraniennes, nous nous installons pour bivouaquer dans ce qu’on pense être au milieu de nulle part. Devant nous, une plaine infinie avec quelques montagnes toutes nues pour agrémenter un peu le paysage. Pas de poteaux électriques (la route et les poteaux sont juste derrière nous, mais bon…), pas de construction, pas même un arbre, nous nous croyons déjà en Mongolie !

Ça ne vous fait pas penser à la Mongolie ?

Et voilà ce qu’il y a de chouette avec ces gens, c’est qu’au milieu de nulle part justement, ils arrivent, pof ! Par curiosité, tranquillement, nous voyons arriver sur une moto deux jeunes bergers. Ils se posent avec nous, on communique en souriant mais sans trop se comprendre … le mieux est toujours de boire un petit thé ! Les voilà donc qui s’en vont chercher tout ce qu’il faut : du thé, de l’eau, des tasses, du sucre, du bois pour faire chauffer (alors qu’il n’y a pas d’arbres à des kilomètres à la ronde) et un âne pour porter le tout ! Et c’est parti, jusqu’à la tombée de la nuit, on est posé autour du feu à siroter ce petit thé. Entre temps, un troisième berger nous rend visite, je fais un petit tour en âne, on rigole bien !

Chacun sa bécane !

Feu de bois contre réchaud !

C’est que ce n’est pas évident à diriger ces bêtes là !

Ca y est, j’ai pris le coup !

Gare à toi le chien, je suis un grand chevalier !

Comme la nuit tombe, ils s’en vont, ils retournent à leur campement qui est de l’autre côté de la colline.

 

Mais ce n’est pas fini. Après le dîner, on continue la soirée ensembles, le temps s’est arrêté, nous nous sommes perdus avec joie au pays de l’insouciance. Nos amis nous apprennent à nous repérer dans cette nouvelle contrée jusqu’à ce que le bois pour le feu soit épuisé. Nos guides repartent à trois sur leur petite moto dans la brousse, le sourire toujours accroché aux lèvres.

On s’endort heureux, heureux et insouciants, nous sommes presque nomades !

Les rêveurs, à nouveau cyclo !

Quelle douce sensation en repartant de Mashad, malgré les klaxons des camions et les mobylettes qui nous poursuivent !
Nous voilà à nouveau sur la route, après près d’un mois sans rouler, on se sent libre à un point qu’il est difficile de décrire.


Visiblement, nous sommes passés du côté obscur du cyclo : on se sent bien, même en parcourant plus de 150 km de désert en une journée, on en veut encore !

On retrouve notre copine la tente et notre pote le réchaud. Ils forment une équipe formidable, ils tiennent la route malgré les gros coups de vent, une essence parfois très très douteuse, ou encore des terrains qui pourraient ne pas paraître très propices au camping !

« Douche » en public !

 Bref, tout ça pour vous dire que nous sommes heureux d’être sur la route, de pouvoir se noyer dans des paysages à perte de vue, de se retrouver tous les deux autour d’une bonne soupe lyophilisée le soir venu et de mouiller le T-shirt à nouveau !

Mashad, not so bad !

Nous commencerons ce post par un grand remerciement à nos hôtes couchsurfer de Mashhad ! Si nous avons passé un bon moment à Mashhad, c’est essentiellement grâce à eux !

Et oui, l’angle d’approche de la ville est toujours particulier lorsqu’elle nous est présentée par des habitants.

En effet, nous nous sommes d’abord retrouvés dans un cours de français, pas banal dans ce pays!

Petite leçon sur le Festival de Cannes


Pourquoi les iraniens voudraient-ils apprendre le français me direz-vous ? Vous allez être déçus, en général, ce n’est pas pour la beauté de la langue, mais seulement pour pouvoir émigrer au Canada… Et oui, nous comprenons en discutant un peu avec les élèves que leur principale motivation dans la vie est de quitter leur pays, et il se trouve que le Canada offre des conditions d’immigration très favorables, avec la naturalisation de tous les immigrants, sous réserve qu’ils remplissent un cahier des charges très complet, dont la connaissance des langues anglaise et française (c’est un peu plus compliqué que ça, avec une histoire de points, mais on vous passe les détails). Le hic est que ces personnes attendent généralement 3 ou 4 ans que la procédure se fasse pour savoir s’ils peuvent partir…
Enfin, ce cours de français a été une bonne occasion pour nous de faire la révision des COD et COI, mais surtout pour rencontrer toutes ces personnes intéressées par le français, en particulier les profs !

On fait les fous !

Mais Mashhad, malgré une petite portion de la population qui voudrait quitter le pays à cause du régime fort, est avant tout une ville de pèlerinage pour les musulmans chiites.

Au cœur de la ville, on trouve le mausolée de l’Imam Réza. Alors, vous ne savez peut-être pas qui est ce type, nous non plus, mais nous ne voulions pas rater ce lieu de culte dont tout le monde nous avait tant parlé.
Pour pouvoir entrer dans l’enceinte religieuse, il faut porter hejab ET tchador noir, la totale ! Et normalement, le site est interdit aux non musulmans.
Nous n’avons pas été déçus en entrant sur les lieux. Non pas que la dizaine de mosquées construites les unes à côté des autres soient belles (celles que nous avons vu précédemment l’étaient beaucoup plus), mais nous avons baigné le temps de la visite dans une ambiance oppressante de fanatisme religieux. C’est vraiment très impressionnant de voir ces hommes et ces femmes se battre presque pour pouvoir toucher la tombe de l’imam Réza. Certain(e)s pleurent en récitant leurs prières, tout le monde touche tous les objets « sacré » accessibles avant de se passer les mains sur le visage, et même les morts viennent en pèlerinage ! Bref, nous avons évolué près d’une heure dans ce véritable complexe religieux en observant les comportements de tous ces gens parfois venus de l’autre bout de l’Irak.

On fait moins les fous…

En dehors du mausolée, il n’y a pas grand chose de remarquable à Mashhad, et notre escale était bien courte (essentiellement pour récupérer le visa turkmène), alors nous nous sommes juste promenés dans les parcs, dans les « juice bar » pour déguster des smoothies et voilà, de quoi nous reposer avant de reprendre la route vers le Turkménistan.

Escapade à Qazvin

Depuis Téhéran, on nous emmène nous promener à gauche à droite, dont à Qazvin.

Les portes à l’ancienne

Nous y découvrons des petites merveilles grâce à notre guide privé qui n’est autre que la directrice du musée de la ville.

Nous commençons donc par le musée, où nous découvrons encore beaucoup de choses sur l’histoire générale du pays, puis nous visitons un palais du Shah à l’époque où Qazvin était la capitale.

Petit palais de campagne !

Ensuite, nous allons nous perdre dans le gigantesque caravansérail en cours de rénovation. Nous sommes tout seuls dans ce dédale de couloirs en briques qui donnent parfois sur des grandes cours, parfois sur des grandes salles à chameaux !

Nous rejoignons aussi le bazar tout rénové, qui attend d’être réinvesti, peut-être un jour… Visiblement, tous ces travaux sont entrepris sans trop savoir ce qu’il va advenir de ces espaces !

Enfin, nous continuons notre tour de ville, une glace iranienne à la main – safran, amandes et pistache, pour jeter un œil aux anciens hammams et au mausolée tout pointu d’un poète iranien.

Le hammam, reconverti en musée.
Le mausolée.
Inscription sur la porte du mausolée

Qazvin est une petite ville riche de sites notables et avec une dynamique culturelle concernant le patrimoine que nous avons rarement observée ailleurs !

Et vive le printemps !

A Téhéran, on prend du bon temps !

Et oui, ce n’est pas parce qu’on entreprend la course aux visas qu’on ne fait rien à côté !

Nous avons été magnifiquement accueillis à Téhéran !
On prend le temps de dessiner, de faire la sieste ou de discuter dans la cour fleurie !


On nous avait dit que la ville était affreuse, bondée de gens et avec un trafic intenable, mais nous nous y sommes bien plu et nous en avons bien profité !
D’abord parce que nous sommes arrivés au moment de Nourouz, soit au moment où tous les téhéranais partent à la campagne, du coup, nous avons eu la ville pour nous. Nous avons aussi bien aimé le paysage en arrière plan avec cette grande montagne toute blanche. Et surtout, nous avons senti la ville bouillir malgré des apparences bien respectueuses des règles !

Nous avons été baignés dans des lieux imprégnés de la culture anté-révolution et/ou révolutionnaire, rencontré une foule de personnes qui vivent dans cette ville en ayant des idées et des modes de vie bien opposés à ce qu’essaie d’imposer le régime, et on s’est même dévoilé et embrassé en pleine rue, scandale !

Les buffets à l’iranienne, un régal !
Faites un vœu pour Nouruz !

Évidemment, nous éviterons de citer les personnes et les lieux découverts dans la capitale, mais sachez qu’ils existent et que nous les remercions pour tout ce qu’ils ont fait pour nous !

Voilà, deux semaines de grand repos, à se balader dans les lieux mythiques de la ville comme le bazaar, le nouveau métro, le musée des verreries, les restaurants cantines ou encore le grand parc du sud.

 

Le musée des verreries et sa surprenante mise en scène !

Nous avons pu admirer tous ces bâtiments en construction dans le nord de la ville – structures métalliques remplies au béton, du rapide ! Nous avons aussi observé toutes ces fresques des martyrs qui ornent la ville, pour varier avec la tête des deux grands ayatollahs. Enfin, on commençait à s’y faire !

Nike – Carlsberg, une belle association !!
Vous les voyez, les militaires qui sont « au coin » ? Hé ! Hé !