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Alors Astana ça vous a plu ?

Bar branché montrant sur écran géant des images du « modèle » à suivre : des images de chez nous quoi !

Cet article est écrit par Guilhem

J’imagine que, comme nous, vous rêvez à présent d’aller habiter au 9e étage, même si le bâtiment se fissure de partout et prend l’eau par le plafond… Ah non ?

Les méthodes de construction et l’urbanisme ne sont pourtant pas les seules absurdités de cette ville.
Ce qui nous étonne le plus en arrivant dans cette capitale, nous, voyageurs ayant traversé l’Asie Centrale durant ces derniers mois, est le contraste entre le mode de vie dans la capitale, et celui dans les villages et petites villes du même pays (Almaty fait peut-être exception, mais nous n’avons malheureusement pas pu y passer).
Il y a me direz-vous aussi un contraste entre la vie à Paris et celle de Cauberotte, mais celui-ci est porté à son paroxysme au Kazakhstan : les astanais sont poussés à suivre les principes de la société de consommation dans son extrémité la plus poussée, tandis que les villages kazakhs restent dans l’esprit Asie Centrale, avec les bazars, vendeurs un peu partout, etc.

Cela soulève beaucoup d’interrogations.

Par exemple, par rapport au mode de vie à Astana : comment faire en sorte que la population s’adapte aux nouvelles coutumes venues d’une culture totalement différente ? Toutes les règles citadines occidentales implicites, nous les appliquons sans même nous en rendre compte en tant que français : elles sont pour nous évidentes du fait que celles-ci ont évolué avec la population (ou l’inverse).
Ici, c’est une autre histoire, et pour les faire appliquer, un nombre impressionnant de policiers, gardes et personnels de sécurité vous les rappellent régulièrement. Et pas question de les prendre à la légère : elles sont appliquées de manières bêtes et méchantes : sans doute est-ce la phase première pour les inculquer à la population.
Illustration : « on ne vole pas dans les supermarchés ». L’adolescence passée, nous le savons tous, mais ici les règles nous prennent pour des gosses : de nombreux vigiles veillent et surveillent, et à l’entrée, des casiers sont disponibles pour y laisser tout sac à dos ou à main : même le sac de croissant doit y être déposé ! Souvent, il faut repasser les petites barrières d’entrée pour récupérer le sac, mais une fois cette barrière passée, pas question de pousser le bout de métal et de revenir sur ses pas : grand tour obligatoire ! C’est la règle !
« Pas de photo de cela », « On ne s’assied pas sur ce muret, pour votre sécurité », « Pas question de traverser ici, il faut emprunter la passerelle 200m plus loin ». La liste serait longue ! Dushanbé avec son obligation d’avoir des voitures lavées dans la ville est encore loin du compte !

Photo prise au péril de ma vie à l’intérieur du restaurant : j’ai du en supprimer après m’être fait sauter dessus par la gérante en furie !

Ces situations illustrent la politique de formatage suivie dans cette vitrine factice d’un pays si différent.

Niveau supérieur d’un grand centre commercial : une structure si gigantesque n’est-elle pas la preuve du bien-fondé de la société de consommation ?

Waaaaaouh !

D’autres interrogations se posent aussi : tout y est si cher, comment peut-on y atterrir en venant du reste du pays ? Qu’ont-ils fait des pauvres ? La question est posée sur le ton humoristique, mais la réponse ne l’est malheureusement sans doute pas.

Encore une référence venant de France cette fois !

Certes, le président a fait de la ville une priorité nationale, si bien que pas moins de 5% du budget du pays y est consacré, mais un tel dumping est-il raisonnable ? La ville est-elle stable par elle-même, ou est-ce une bulle qui risque de s’effondrer au premier soubresaut ? C’est un peu l’impression que cela donne. La vision à long terme du pays s’arrête en 2030, date fixée par le président, qui sait sans doute qu’il ne pourra pas durer beaucoup plus longtemps après cette échéance ! Après cela, advienne que pourra !
J’aimerai y revenir dans une quarantaine d’année pour voir le résultat du rêve américain en plein cœur de la steppe…

Nous nous étions écartés lentement de ce qui fait notre culture occidentale, avec la transition turque, pour s’en détacher totalement en Iran puis en Asie Centrale, et voilà qu’elle nous saute littéralement à la figure de façon caricaturale un beau matin en descendant d’un train de nuit : tout ce qui pourrait être remis en cause dans notre façon de vivre en France se révèle alors d’une évidence enfantine ! Même un retour brutal à Paris n’aurait pas été si démonstratif, merci Astana de nous aider à pointer nos défauts les plus profonds…

Astana, sorte de New-New-York en carton

Après notre virée en train qui nous propulse au nord du Kazakhstan, nous arrivons dans cette ville si… étrange, après tout ce que nous avons pu voir en Asie centrale. Cette ville ne ressemble à rien de ce que l’on trouve ici, tout y est importé et emprunté aux grandes villes « occidentales ». Voyez plutôt !

Astana plage ! Ici par contre il est possible de se baigner, car la ville étant au milieu de la steppe,l ‘eau a la chance de n’être pas trop polluée !
Ou est la Grande Arche ? A quelques milliers de kilomètres !

La tour Baiterek, symbole de la ville au centre du quartier des gratte-ciels (qui est aussi le quartier ministériel)
Les buildings rivalisent « d’originalité » pour se faire remarquer.

Bon, c’est vrai que certains monuments ne viennent pas d’occident !
On a cherché à se connecter au FreeWifi du parc pour faire un peu de Skype, mais sans succès


Astana de jour, c’est impressionnant, mais le mieux, c’est :

Astana by night !

Scène installée sur l’eau, pour fêter l’anniversaire du président : on a eu le droit à un petit opéra !

En fait les immeubles ne penchent pas vraiment…
Au revoir les étoiles avec toutes ces lumières !

La troupe devant la grande coupe du monde de foot locale

Il y a même des oeuvres d’art dans le parc : en carton aussi ?


Et oui, car il faut le savoir : cette ville est en carton pâte : tout semble tout beau tout neuf, grâce à l’argent injecté en masse dans la nouvelle capitale (5% du budget annuel de l’état). Mais à vouloir construire si vite, on se retrouve facilement avec des constructions en toc.

Est-ce un paysage de LegoLand ?

Regardez bien la photo précédente : tout, du pont aux immeubles, est quadrillé comme des briques Lego : cela est dû au plaquage en carreaux de toutes les surfaces visibles : derrière, la construction est archi-baclée, ce qui n’est pas propice à un enduit correct. Le problème est que cette méthode, ou la qualité de sa fabrication, vieillie très mal…

Détail d’un mur d’immeuble à Astana

La capitale a été transféré d’Almaty à Astana il y a juste 15 ans : la ville était toute petite avant, ce qui signifie que les immeubles ont au maximum 15 ans.
Cela fait peur lorsque l’on voit leur état de plus près…



Je prend les paris : dans combien de temps pensez-vous que la capitale sera à nouveau transférée, du fait de la détérioration de tout ce qui a été construit pendant cet « âge d’or » ?

Bishkek – Astana en 4 jours !

Vous avez découvert Bishkek, capitale du Kirghizistan, dans un poste précédent. La ville est à vingt kilomètres de la frontière kazakhe que nous rejoindrons donc très rapidement. D’ailleurs, nous avons l’impression que la ville est continue, en se poursuit même au Kazakhstan ! Nous ne sommes donc pas dépaysés par le passage de frontière (le premier où nos vélos sont reniflés par les chiens drogués !).

A partir de là, commence une longue traversée de la steppe : il y a environ 1200km jusqu’à Astana, capitale du Kazakhstan, où nous devons rejoindre Anne So et Max pour la suite du périple. Sauf que ce n’est pas tout, ces quelques bornes, il va falloir les parcourir en cinq jours maximum !

Nous commençons tranquillement, nous roulons sur ces routes plates et droites, nous rencontrons quelques kazakhes, certains tout blonds, d’autres tout bridés, rarement les deux en même temps. Le sud du pays est la région la plus productive en fruits et légumes, le paysage est presque varié, et encore, nous approchons la steppe de plus en plus aride.

On doit rouler 1200 bornes en 5 jours, mais bon la sieste c’est sacré, surtout par ce temps !

On aurait pas du jouer à la balle avec la pastèque : une fois explosée, il faut la manger !

C’est à Chou (et oui, c’est bien le nom de la ville, et en russe, c’est encore plus rigolo : ça s’écrit avec seulement deux lettres !) que nous allons faire notre tour de magie. En effet, après plusieurs tentatives ratées pour faire du stop (le stop est payant ici… saligots !), nous nous apprêtons à prendre le bus. Pour cela, nous nous rendons à la gare de Chou, où nous trouvons plus de trains qu’autre chose évidemment.

Il faut lire chou ! wy wy !

C’est là qu’à lieu l’imposture !

Nous n’avons pas beaucoup d’argent local sur nous, en tout cas, pas de quoi payer deux billets de train et un éventuel supplément pour les vélos (à titre purement indicatif, l’aller Chou-Astana aurait coûté 4 500 tengue, soit une trentaine d’euros par personne), du coup, nous commençons à négocier. Le train arrive et on apprend qu’en plus, il est complet. On essaye d’amadouer le contrôleur en chef. Entre temps, nous rencontrons un habitant d’Astana qui nous tchatche un peu. En voyant que nous n’arrivons pas à convaincre qui que ce soit, il nous donne un tuyau « Vous n’avez qu’à dire que vous voulez être à Astana pour l’anniversaire du président !« 

Et oui, nous l’avions déjà vu ailleurs, nous célébrons le jour même l’anniversaire du chef de l’Etat ! Le train va bientôt partir. Je tente le coup et ni une ni deux, tout le monde se précipite pour nous faire grimper dans le train ! Il nous manquait juste la formule magique en somme !

Voilà comment nous prenons le train pour la première fois du voyage ! Le trajet dure quinze heures, nous sommes dans un train couchette sans réservation, mais les contrôleurs de notre wagon se casse la tête et nous parvenons finalement à nous installer confortablement pour seulement le peu d’argent que nous avions sur nous (3000 tengue, tapis !).

Et puis, on s’est fait un nouveau copain (celui qui nous a parlé du président) : Chafrat nous accueille chez lui quelques jours et nous aide beaucoup à notre arrivée à Astana.