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Bilan du passage du massif du Pamir

Vous avez pu les apercevoir en photo ou en vidéo : les paysages que nous avons pu traverser lors de notre passage au Tadjikistan étaient vraiment époustouflants. Nous avons passé des montagnes et des vallées toutes plus belles les unes que les autres.
D’un autre côté, comme vous avez pu le lire ou le ressentir dans nos messages, cet endroit a été le plus dur de notre voyage, et moral d’acier devait se joindre à physique sans faille pour surmonter la difficulté sans cesse renouvelée de ce genre d’endroit.

En haut du dernier col : de l’autre côté, le Kirghizistan, nous sortons du Pamir !

Voici donc un petit message récapitulatif des différents itinéraires que nous avons emprunté, à titre d’informations générale pour la plupart des gens, et d’information précises pour ceux et celles qui prépareraient un périple (et c’est le mot) à vélo dans cette région.

Je séparerai le pays en sept parties (qui correspondent plus ou moins aux précédents posts, voir liens) :
De Dushanbé au check point de police, par la M41
Le col de Sarindaj, toujours sur la M41
De Kalaikhum vers Korog, M41 encore et toujours
De Korog vers Langar, hors M41 cette fois, dans la vallée de Vakhan
De Langar vers la route asphaltée de la M41
Le massif des Pamirs, enfin !
• La fin du Tadjikistan, après le lac Karakul

• De Dushanbé au check point de police, par la M41

La route commence assez fort, et annonce la couleur : non pas du fait du dénivelé, en somme pas si important que cela, mais par l’état de la route. En effet, ce tronçon de la M41 n’est plus la route principale. Depuis la période soviétique où la route a été construite, une autre route – qui passe par le sud et la ville de Khulob – a été ouverte. Du coup, la M41 devient peu à peu une sorte de piste dédiée aux habitants, faute d’entretien. A un certain moment, la M41 se sépare à nouveau de la « route » pour devenir une sorte de sentier très étroit. Dès lors, le passage à gué de rivières, les coulées de boues et autres surprises sont au programme ! Au moins on est sûr qu’il n’y aura plus de camion après cela !
Question paysages, on est servi : l’enfilade de vallées nous les découvre une à une, et chaque tournant nécessite une pause photo pour tenter d’immortaliser la sensation.

Nous conseillons grandement cette route (pendant les mois d’été seulement), qui malgré les montées et descentes perpétuelles, ainsi que le col qu’elle introduit (voir ci-dessous), permet d’apprécier une multitude de paysages différents, tout en passant par un chemin qui n’a pas l’habitude d’être fréquenté par les touristes (lui préférant la route du sud, un peu plus longue mais plus facile). Le ravitaillement n’est pas autant un problème, la vallée étant habitée régulièrement. De plus, on trouve des sources d’eau environ tous les 500m, et celle-ci est potable.

• Le col de Sarindaj, toujours sur la M41
Ce col, culminant à 3258,5m (pour être précis !), est la première difficulté vraiment physique du parcours. La route n’étant pas excellente, les 25km de montée à 7% sont assez pénibles, l’attention ne devant pas se concentrer uniquement sur l’effort à fournir mais aussi sur la trajectoire à emprunter pour ne pas buter sur une pierre, un morceau de glace ou tomber dans un nid de grosse poule… Cela reste cependant accessible à la plupart des cyclistes, car l’altitude n’est pas très importante (pas de problèmes spéciaux de respiration), et le dénivelé est constant, ce qui permet de prendre un certain rythme, très lent certes, mais qui se révèle finalement plus agréable que les montées et descentes alternées.
Le panorama juste avant l’arrivée au col est superbe et récompense bien de l’effort, puis la descente prend le relais.
La pente de celle-ci est plus marquée qu’à la montée, il faut bien vérifier ses freins, d’autant plus que la route donne souvent sur un gouffre de plusieurs centaines de mètres ! Cette descente impressionnante vaut le coup d’être vue de ses propres yeux !
Attention tout de même, cette route nécessite des travaux pour son ouverture (nouveaux ponts, tranchées dans les coulées de glaces, etc.) qui font que la route n’ouvre qu’aux environs du mois de juin. Ne restez pas coincés comme nous au check point de police !

• De Kalaikhum vers Korog, M41 encore et toujours

A Kalaikhum, nous rejoignons le flot des voyageurs et transporteurs ayant choisi la route du sud. Le calme est perdu mais la route redevient en « bon » état. Pendant toute cette section, nous pouvons observer, sur la berge d’en face, l’Afghanistan.
J’ai trouvé, à l’instar de certains autre voyageurs, cette route un peu lassante : la vallée très étroite avec des montagnes rocheuses très pentues n’offre pas le panel de panoramas de la première partie de la route, et après 300km de ce type de route on a très envie de passer à autre chose… Cela est certainement d’autant plus vrai pour ceux qui ont de plus déjà effectué la route du sud. Cela étant, ce passage n’est pas optionnel dans l’itinéraire (contrairement au suivant), alors autant s’en contenter et profiter de la relative facilitée de la route et du contact (lointain) avec les afghans!

• Vallée du Vakhan (ou Corridor du Wakhan), hors M41

Cette vallée est, depuis Korog, dans la continuité de la frontière avec l’Afghanistan. Elle est connue du fait de la géographie politique de l’endroit d’une part (l’Afghanistan présente dans cette partie la forme d’une queue de poêle, c’est à dire une excroissance du territoire entre le Tadjikistan et le Pakistan, créée dans le but d’éviter tout contact entre le premier pays, qui faisait alors partie de l’URSS, et le second, lié à l’Inde et donc à l’Empire Britannique. Cette zone tampon servait de « protection » pendant la période dite du « Grand Jeu » entre les deux empires). Elle est connue d’autre part pour avoir figuré dans le récit de voyage de Marco Polo en Asie Centrale.
Pour ces raisons notamment, elle figure dans le trajet de nombreux voyageurs, dont nous faisons partie. Cependant…

La route est assez bonne pendant un certain temps, puis cela se dégrade jusqu’au dernier village, Langar, qui est, pour la plupart des gens, l’extrémité de la vallée avant de faire demi-tour. On comprend pourquoi : en vélo il faut trois jours de route pour monter à un col à plus de 4300m, sur des pistes très difficiles, sans croiser un seul village… De plus les conditions climatiques viennent ajouter un peu de difficulté (s’il en fallait), en se levant brusquement l’après-midi, créant des tempêtes de sables très peu agréables…

Vous l’aurez compris, nous n’avons pas apprécié plus que cela (voir pas du tout) cet itinéraire, que nous ne referions vraiment pas si c’était à recommencer. La M41 sur ce tronçon est, d’après les commentaires que nous avons pu entendre, vraiment plus intéressante : en montant plus doucement vers le plateau à 4000m, sur une route correcte, on apprécie beaucoup mieux les paysages, qui sont les prémices de ceux que nous avons pu admirer par la suite, et que nous avons adoré : voir-ci dessous !

• Le massif des Pamirs, enfin !
C’était le but de notre périple dans ces montagnes, la ballade sur le plateau du massif du Pamir, et nous n’avons pas été déçus !
Quelques petits conseils tout de même :
Attention à la difficulté que l’altitude ajoute à cette route, les passages de cols à plus de 4000m restent toujours une épreuve physique ! Prévoir du temps pour profiter pleinement de l’endroit, sans devoir comme nous avancer à cause du délai imposé par le visa. Le col à 4655m est particulièrement éreintant, car plus question de pédaler en pente à cette altitude : il faut pousser le vélo péniblement sur de la piste pendant quelques kilomètres…
Attention aussi au ravitaillement. L’eau n’est plus aussi claire que dans les vallées, surtout l’après midi ou elle s’est chargée de sable du fait du vent : un filtre est nécessaire. Concernant les magasins, on peut en trouver, mais ceux-ci ne proposent quasiment rien : l’endroit est tellement reculé qu’aucun camion ne vient les ravitailler (d’autant plus que les locaux n’achètent quasiment rien non plus, faute d’argent). Notre conseil est d’apporter des sauces et autres ingrédients pour agrémenter les pâtes que vous trouverez sur place. Une bonne solution est de se faire cuisiner un repas de temps en temps dans les homestays croisés sur la route !

• La fin du Tadjikistan, après le lac Karakul
En quittant le lac, magnifique par beau temps, vous quittez aussi en quelques sorte la Terre, pour arriver sur la Lune. Les deux jours nécessaires pour sortir du pays peuvent se révéler être un cauchemar : plus d’eau, ni de forme de vie, un vent de face à décorner les bœufs, une frontière placée sur un col à plus de 4200m, puis une route post frontière tadjik non entretenue qui dure pendant 20km avant de tomber sur le poste frontière kirghiz !
Notre conseil : rouler très tôt le matin, avant que le vent ne se lève, et prévoir de passer la frontière dans la matinée : camper entre les deux frontières est sûrement possible, mais avec une petite visite des soldats kirghizes au programme !
Rassurez-vous : après la frontière kirghize, c’est à nouveau la Terre, avec de la verdure et tout !

 Ce message peut paraître un peu décourageant, mais ce ne sont que les recommandations sur les passages difficiles, jetez un œil aux posts correspondant au récit et aux photos pour vous rendre compte que cela vaut tout de même vraiment le coup !

Bon courage aux cyclos préparant la route ! 🙂

Murgab, la grande ville du Kirghizistan, et lac Karakul

Après la « grande ville », Murgab, un petit obstacle à passer :

Ca se corse : un col à 4655m se profile, et à cette altitude, on ne fait pas trop les malins !

Nous faisons donc le plein de nourriture et de benzine avant la grande ascension.

Ville de Murgab, en plein bazaar : tous les magasins sont installés dans des containers reconditionnés !

Ne pas chercher de station service comme un peu partout ailleurs : il s’agit ici du container marqué A3C !

Nous passons sur les difficultés du col, pour insister sur la jolie descente qui le suit :

Nous arrivons ensuite au lac Karakul, visible au loin depuis une vingtaine de kilomètres.

Lac Karakul, d’une couleur éclatante par beau temps. Malheureusement pour nous, le temps commençait à se dégrader un peu…

Sur les bords du lac, on trouve un petit village peuplé essentiellement de yaks, de moutons et d’ânes, mais on y a quand même rencontré des gens : des Kyrghyzes essentiellement, alors que nous sommes au Tadjikistan. En effet, nous apprenons que le millier d’habitants sont kyrghyzes, sauf la vingtaine de militaires tadjikes qui habitent dans l’énorme garnison soviétique abandonnée au trois quart.


Comme à la playa !! Le temps n’a malheureusement pas permis à Eglantine de piquer une tête !

Attaque de nuage au dessus du lac : notre nuit près de celui-ci ne les a pas dissipés, et c’est sous un ciel gris que nous continuons notre route vers le Kirghizistan
Vue du lac depuis la tente

Les yaks paissent juste à côté de notre tente !

Les yaks ont des couleurs fashion !

Ils font quand même un peu pitié, avec leur laine qui se détache…

Corne de bête, sur le bord de la route !


Bon, et puis ça n’a pas grand chose à voir, mais entre temps, on danse un peu ! (En fait, on aurait dû poster cette vidéo dans l’article « Barage au check point : flic ripoux en vue ! », mais disons qu’on fait bien ce qu’on peut !


Plateau du Pamir

Maison typique du Pamir : cube blanc avec portes et fenêtres bleu ciel

En passant, pour tous les cyclos, nous recommandons grandement le Homestay Marco Polo à Alichur : les personnes sont extrêmement gentilles, et la douche est un vrai sauna : cela fait du bien, surtout lorsque l’on vient de la Vakhan Valley !

Petit lac totalement transparent, reflétant le ciel avec une jolie couleur turquoise

Un de nos premiers yaks véritables !

Les yaks ne pouvant pas vivre au dessous de 3000m (quelle drôle d’idée), ils sont souvent croisés avec des vaches : le résultat, appelé dzo, est un animal présentant des ressemblances plus ou moins poussées avec l’un ou l’autre de ses parents, et est « utilisable » comme un yak : les bouses remplacent le bois (absent) comme combustible, et ils remplacent les voitures (presques inexistantes) comme moyen de transport.

La route est belle, les paysages sont beaux : c’est un vrai plaisir de rouler là-haut !

Quelques camions chinois circulent sur cette route, pour contruire ou entretenir les routes.

Vallée « fertile » : cela reste tout de même assez limité comme verdure…

Eglantine embrasse le paysage !

A Murghab

Les alentours de Murgab sont constellés de boîtes de conserve rouillées… Pas de retraitement des déchets par ici.

Corne d’un Marco Polo Sheep ?

Ligne de partage des eaux !

La tempête de sable nous talonne ! Vite, vite !

Profitons tant que c’est plat !

Spécial bonus, une vidéo !

Pamiris

Il n’y a pas grand monde sur cette fameuse M 41. Nous voyons essentiellement des bergers  ou des conducteurs de camions chinois (les camions sont chinois, les chauffeurs semblent plutôt d’Asie centrale !).

Du coup, nos rencontres sont peu nombreuses et assez furtives, mais les portraits méritent d’être publiés tout de même.

Dans le plateau du Pamir, il y a surtout des kirghizes :

Jiéna, « boss » du homestay « Marco Polo » où nous nous sommes bien reposés après la vallée Vakhan

Le chapeau Kirghize, merveilleusement porté avec ces yeux rieurs !

Une jeunette de 63 ans, un bébé tout nu dans le dos, peut-être que ce n’est pas le sien !

Réparation de yourte en cours !

Nous ferons peut-être plus de rencontres dans les prochains pays !

Et en exclusivité pour vous : les spécialités culinaires du pays ! Voilà ce que nous avons dégusté à Khorog !

 

Fin de la vallée de Vakhan : col de Khargush

On savait que ça allait être dur, mais cela dépasse nos « espérances »

Malgré la route défoncée, la pente importante et le manque de diversité alimentaire disponible dans cette région reculée, le plus dur est encore autre chose : il s’agit du problème lié à l’altitude : le col est à plus de 4000m, et le manque d’oxygène se ressent très rapidement dans l’effort.

Des enfants nous aident dans la montée après Langar :eux sont habitués à l’altitude, les chanceux !


Nous poussons sur la plus grande partie de la montée

C’est la première fois que nous devons pousser véritablement nos vélos couchés : nous inventons pour cela une nouvelle technique assez efficace, depuis l’arrière du vélo.
La technique semble efficace !
Même les descentes sont difficiles, avec du sable bien profond !


Petite pause pour le passage au dessus de 4000m, pour la première fois !

Neiges éternelles !

Les pauses se multiplient, mais le paysage s’y prête bien !

Lucia ne présente pas de symptômes du mal de l’altitude, contrairement à d’autres…

La nuit à 3900m avant le col a été dur pour moi (Guilhem) : mal de tête toute la nuit, avec l’impression que le coussin était en béton, et malaise au cours du petit déjeuner… Mais dans cette vallée si isolée et difficile, pas moyen de faire demi-tour : la solution se trouve de l’autre côté. En surmontant un peu la crise d’angoisse associée au possible mal de l’altitude, je parviens tant bien que ma à passer le col pour enfin redescendre de l’autre côté : le mal de tête diminue avec l’altitude !

Un joli lac ? Cela mérite encore une pause !

Spécificité des routes plates de cette route aussi : de la bonne tôle ondulée sur des kilomètres ! Nous remercions notre suspension arrière qui nous évite le pire !

Finalement, nous retrouvons de la route asphaltée : c’est la fin du calvaire ! La sensation est indescriptible sur cette route, nous ‘roulons’ à nouveau

Curieuse nature !

Mais qu’a-t-il pu se passer pour déformer les strates de cette façon ?

Rivière vs Rocher : le rocher a craqué !

L’eau creuse des vallées dans tous les sens !

Qui monte les courses ? (les courses ? Sans magasin ce n’est pas très facile… 🙂

On prendra de l’eau un peu plus tard !

On aurait finalement du prendre un peu d’eau…

Il aurait vraiment du prendre de l’eau !

On vous rassure, avec nos 8L par personne, on a pas ce genre de problème !