Lors de notre visite dans le monastère de Mor Gabriel, nous passons un peu de temps avec Ephrem. Lui, il n’est pas arrivé ici par hasard. Il est assyrien, mais il vit en Suède. Ses parents ont émigré là-bas avant sa naissance alors qu’ils habitaient dans un village pas loin du monastère.
Aujourd’hui, il a 21 ans et il a décidé de venir passer une dizaine de mois dans le monastère. Il a toujours vécu en Suède et a adopté la culture de son pays d’accueil, mais au fond, il reste assyrien et souhaite en savoir plus sur ses racines, améliorer ses connaissances de la langue et comprendre d’où il vient.
Il nous fait prendre conscience de son sentiment fort d’appartenance à un peuple héritier des plus anciennes civilisations. Les assyriens comme lui ont une religion, une langue et une culture spécifique, mais pas de pays. Ils sont originaires de cette région, anciennement Mésopotamie, et aujourd’hui partagée entre la Turquie, l’Irak, la Syrie et l’Iran. Nous découvrons donc à travers Ephrem un peuple riche d’une histoire plurimillénaire qui se retrouve sans avenir, c’est très impressionnant.
En discutant avec lui, nous nous rendons compte que nous avons une démarche à la fois similaire et totalement opposée.
D’un côté, nous avons lui comme nous décidé de prendre le temps de réfléchir à notre identité en nous éloignant du mode de vie que nous avions jusqu’alors.
Mais si nous essayons de sortir de nos traditions, lui, au contraire, essaye de les retrouver.
Nous avons besoin et envie de rencontrer des cultures variées alors qu’il se concentre sur son peuple, du coup, nous sommes nomades alors qu’il reste dans le monastère, etc.
C’est étonnant de se rendre compte à quel point nous avons besoin de farfouiller dans ce que nous n’avons pas. Certains ont l’impression de ne pas avoir de repères parce qu’ils vivent au sein d’une culture qui n’est pas la leur alors que d’autres ont l’impression d’être enfermés dans leur traditions trop fortement établies pour avoir un sens. Après ce genre de rencontre, on se rend compte que notre demarche est necessaire et correspond a un besoin de recherche d’identite largement repandu. C’est normal de se poser des questions.
Et par dessus tout, on se pose une foultitude de questions sur tous ces peuples, toutes ces confessions qui se rencontrent et souvent s’affrontent alors que nous avons tous les mêmes besoins et les mêmes aspirations de paix et d’harmonie en tant qu’Homme.
Merci Ephrem pour cet échange !
Eglantine