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Flashback Turquie : un village au nom intéressant !

Non loin de la frontière Syrienne, en pleine campagne Turque, nous roulions tranquillement quand ce panneau sur le bord de la route nous a interpellé :

Le S avec une cédille se lit « CH » en turque : on ne peut plus explicite !

[Le reste de la suite est une fiction]

Nous suivons donc ce panneau, menant droit vers une sorte de village embrumé. Bonne planque pour un homme comme ça, se dit-on, mais quelle idée d’annoncer le chemin sur un panneau au premier venu.

Nous continuons donc à travers les maisons abandonnées, quand soudain…

Nous le voyons en chair et en os ! Pas de doute possible, on le reconnaît bien : il s’est réincarné en chat ! Enfin bon, cela ne le change pas tant que ça, il n’est pas beaucoup plus humain qu’avant…

Fin de l’histoire !

Après Pizza Hut, Tchaï Hut, avec livraison sécurisée !

Nous sommes en Turquie (et oui, on a pris un peu de retard sur le blog !), pas très loin de la Syrie et de l’Irak. Vers 13h, nous voyons une grande montée se profiler : il est temps de s’arrêter avant celle-ci pour reprendre un peu de force. Nous sommes au beau milieu de la campagne, mais nous avons de quoi faire des sandwichs donc pas de problème.

On s’arrête sur le bord de la route et on commence à s’installer quand un homme arrive. Jusque là, rien d’anormal, sauf que…

Cet homme porte une AK-47 sur le dos !

Chasseur ? PKK ? Nous nous demandons à qui nous avons affaire… Après quelques mots, nous voyons que cet homme n’est pas méchant, il nous explique qu’il travaille ici, et que son travail consiste à surveiller un pipeline qui passe un peu plus bas dans la vallée, pour que personne ne vienne se servir…

En attendant sa relève, qui tarde à venir, l’homme à la mitraillette nous apporte du thé chaud directement sur place !

On est jamais au bout de nos surprises en Turquie !

Et toi, pourquoi tu voyages ?

Lors de notre visite dans le monastère de Mor Gabriel, nous passons un peu de temps avec Ephrem. Lui, il n’est pas arrivé ici par hasard. Il est assyrien, mais il vit en Suède. Ses parents ont émigré là-bas avant sa naissance alors qu’ils habitaient dans un village pas loin du monastère.
Aujourd’hui, il a 21 ans et il a décidé de venir passer une dizaine de mois dans le monastère. Il a toujours vécu en Suède et a adopté la culture de son pays d’accueil, mais au fond, il reste assyrien et souhaite en savoir plus sur ses racines, améliorer ses connaissances de la langue et comprendre d’où il vient.
Il nous fait prendre conscience de son sentiment fort d’appartenance à un peuple héritier des plus anciennes civilisations. Les assyriens comme lui ont une religion, une langue et une culture spécifique, mais pas de pays. Ils sont originaires de cette région, anciennement Mésopotamie, et aujourd’hui partagée entre la Turquie, l’Irak, la Syrie et l’Iran. Nous découvrons donc à travers Ephrem un peuple riche d’une histoire plurimillénaire qui se retrouve sans avenir, c’est très impressionnant.
En discutant avec lui, nous nous rendons compte que nous avons une démarche à la fois similaire et totalement opposée.
D’un côté, nous avons lui comme nous décidé de prendre le temps de réfléchir à notre identité en nous éloignant du mode de vie que nous avions jusqu’alors.
Mais si nous essayons de sortir de nos traditions, lui, au contraire, essaye de les retrouver.
Nous avons besoin et envie de rencontrer des cultures variées alors qu’il se concentre sur son peuple, du coup, nous sommes nomades alors qu’il reste dans le monastère, etc.
C’est étonnant de se rendre compte à quel point nous avons besoin de farfouiller dans ce que nous n’avons pas. Certains ont l’impression de ne pas avoir de repères parce qu’ils vivent au sein d’une culture qui n’est pas la leur alors que d’autres ont l’impression d’être enfermés dans leur traditions trop fortement établies pour avoir un sens. Après ce genre de rencontre, on se rend compte que notre demarche est necessaire et correspond a un besoin de recherche d’identite largement repandu. C’est normal de se poser des questions.
Et par dessus tout, on se pose une foultitude de questions sur tous ces peuples, toutes ces confessions qui se rencontrent et souvent s’affrontent alors que nous avons tous les mêmes besoins et les mêmes aspirations de paix et d’harmonie en tant qu’Homme.
Merci Ephrem pour cet échange !

Eglantine

Rencontre avec les Arameens

Un soir, que nous pédalions depuis un moment déjà dans cette Anatolie du sud est – soit en pleine zone kurde, nous nous arrêtons à un croisement pour trouver un endroit où planter la tente.
Nous n’avons pas d’eau et voilà l’alternative qui s’offre à nous : monter au village sur notre droite ou aller à gauche, où un panneau nous indique que nous pourrons trouver le monastère de Mor Gabriel. Nous ne savons pas où nous allons, sûrement un tas de ruines, mais il y aura sûrement de l’eau dans le coin !
On grimpe un peu, et en haut de la colline, on aperçoit un énorme bâtiment au milieu d’un mur d’enceinte encore plus énorme. Il y a vraiment un monastère, ici, au fin fond de la Turquie !

Le monastere est qusiment en autarcie grace aux cultures soignees qui l’entourent


Mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises…
Les heures de visite sont largement dépassées lorsque nous nous présentons, mais nous demandons de l’eau quand même.
Après quelques minutes de suspense intense, nous sommes conduis à l’intérieur du monastère, on nous montre une chambre puis on nous emmène dans une pièce avec des banquettes (on ne s’assit pas par terre, incroyable !) avec les moines et un thé. Nous passons un moment sans trop savoir quoi faire ni où nous sommes, mais ensuite, Ephrem arrive, il parle anglais et nous explique tout un tas de choses.

Nous sommes donc arrivés dans un monastère de l’Eglise syriaque orthodoxe d’Antioche. Il y a des moines et des nones qui vivent ici (une trentaine environ). Ils prient trois fois par jour et parlent en araméen, la langue que parlait Jésus. Leur peuple est issu des araméens de cette Mésopotamie que nous traversons. Ils ne sont ni kurde, ni arabe, ni turc. Des enfants, des familles et des jeunes vivent aussi dans le monastère, la plupart sont syriaques.

Arabe ? hebreu ? non, arameen !

De tres anciennes inscriptions en sacre etat

Nous aussi, le temps d’une journée, nous allons vivre au rythme du monastère : nous allons à la messe (celle du matin est à 5h !), nous prenons nos repas avec les moines et nous nous reposons.

Ephrem nous emmène pour une visite guidée dans les différentes églises, les jardins cultivés (le monastère vit en quasi autarcie, dans cette région qui nous parait si aride), les cryptes (où sont enterrés environ 12 000 moines depuis la construction du monastère en 397) et les autres pièces complètement rénovées du monastère. Il nous raconte aussi l’histoire de son peuple, et la sienne, qui fera l’objet d’un article prochain.

Visite guidee de l’eglise de la Vierge Marie

Lorsque nous repartons, nous avons l’impression d’avoir quitté la Turquie l’espace de 2 jours. Nous avons fait un saut dans l’espace et le temps. Nous avons ouvert une page de l’histoire qui nous permet de nous rendre compte de la richesse de cette région, et ce n’est pas terminé !

Des oliviers et un puis dans la cour

Le monastere est tout restaure

Le clocher de l’eglise Mor Gabriel



Une partie du monastere est reserve aux nonnes



L’ancienne cantine

Une maquette en allumette !

A propos des pistaches

Nous nous adaptons aux produits locaux au fil de notre parcours, et si nous n’avons pas pu apprécier les fameuses glaces de Maras, du fait qu’en hiver ils n’en font pas trop, nous pouvons par contre nous régaler avec les pistaches de la région de Gaziantep !

Les pistachiers ont peu à peu remplacé les oliviers qui nous ont accompagnés tout au long de notre tour de Turquie ! (il en reste quand même, il ne faut pas s’inquiéter !)

Les pistaches peuvent être mangées directement (mais attention à l’overdose, qui casse les ongles des pouces à force d’en ouvrir, je sais de quoi je parle…), ou bien dans les baklavas, dont la région est spécialiste aussi !

Achat de pistaches au kilo !

Un soir où nous avions posé [pas très] discrètement notre tente près d’un chantier, nous avons été invité par les ouvriers de garde la nuit à venir boire un thé. Nous y sommes donc allé, et avons prétendu avoir déjà dîné pour éviter qu’ils nous préparent un truc. Cela n’a fonctionné qu’à moitié, puisque l’un des ouvriers est parti chercher quelques baklavas pour le dessert du coup !

Nous avons eu droit à 6 énormes pièces chacun, et heureusement que nous n’avions pas mangé car même à jeun je n’ai pas réussi à terminer…

Cela a remplacé notre dîner, et malgré ce repas très peu diététique, nous avons le lendemain effectué sans problème les 500m de dénivelé qui nous attendaient !

Identification nécessaire d’un nouvel animal !

Après le phasme, dont on cherchait le nom (merci à Olivier pour sa preste réponse !), voici l’objet de la nouvelle devinette :Voici la bête
Il a l’air petit comme cela, mais il faut savoir qu’il devait se trouver à une cinquantaine de mètres de là ! Nous avons bien une idée mais nous voulons en être sûrs !

Alors, des connaisseurs ?

Un petit indice de plus :
En vol

Dangereux d’être cyclo, épisode 2 !

Après les insectes extra terrestres rencontrés qui nous tombent dessus, voici un autre danger du cyclo : les pierres qui nous tombent dessus !

Nous étions au courant d’une pratique un peu particulière des enfants de la région que nous traversons actuellement, mais cela fait bizarre quand on la subit vraiment…

Nous passions tranquillement dans un village quand des enfants nous surplombant à côté de la route ont commencé à nous viser avec des pierres. Celles-ci tombaient à côté de nous (heureusement que ce sont des buses pour viser) pendant que nous essayions, naïfs, de comprendre d’où elles venaient.

La deuxième fois, nous voyons au loin un groupe d’enfants, qui nous voit aussi. Trois d’entre eux se séparent du groupe pour aller se cacher derrière un pan de mur un peu plus loin. Lorsque nous les dépassons, quelques pierres nous frôlent. Je m’arrête et les regarde. Ils font comme si de rien n’était, comme si on n’était pas sûr que ce soit eux les sales garnements…

Le samedi après midi, la Turquie est pleine de groupes d’enfants ne savant plus quelles bêtises inventer… Un peu comme dans la guerre des boutons !

Pourquoi font-ils cela ? Est-ce un geste de violence anti-étrangers ? Est-ce la marque d’une haine quelconque ?
Je pense plutôt qu’il s’agit simplement d’une sorte de jeu, car outre ces quelques jeunes, nous sommes accueillis à bras ouverts par tout le reste de la population, avec une gentillesse sans égal.

Les cyclos sont une cible facile, car on ne se déplace pas très rapidement, et de plus ils savent très bien que peu d’entre nous vont s’arrêter et leur poser problème, ne parlant pas très bien la langue…
Pour contrer cette fâcheuse mouvance, nous avons établi un plan d’action en deux phases :

  • préventivement, nous tentons de « désamorcer » les groupes d’enfants suspects en leur disant « Merhaba » (bonjour) de très loin et en leur faisant des grands coucous amicaux, pour qu’ils renoncent à nous attaquer.
  • si c’est quand même le cas, ou que nous avons affaire à des tireurs embusqués, nous nous arrêtons et descendons des vélos pour les montrer du doigt et faire un mini-scandale afin qu’ils soient repérés par des adultes qui, eux, ne tolèrent pas du tout ce genre de comportement et peuvent leur faire passer l’envie de recommencer.

Une troisième possibilité serait de discuter du problème avec les personnes rencontrées, pour qu’elles soient attentives aux enfants quand des cyclos passent, mais c’est un peu difficile quand ce n’est pas un flagrant délit…

Appel donc à tous les cyclos passant au sud est de la Turquie, essayons d’entraver ce « jeu traditionnel » instauré dans cette région en ne restant pas passif !

Guilhem