Nous avons passé un peu plus d’un mois dans ce pays, traversé une partie du pays qui n’est pas totalement représentative de son ensemble, mais nous pouvons tenter dès à présent de dresser un constat à propos de la population du Japon et de sa société : l’adage “Le Japon, entre tradition et modernité” est avéré, avec toutefois une certaine nuance à mettre dans ces termes.
Cet avis n’est pas définitif et sans appel, il décrit seulement ma vision du Japon en ce moment, après un mois, en fonction de mes attentes et de ce que nous avons vécu jusqu’à présent : il reste du temps pour que cela évolue !
Dès son arrivée au Japon, on ne peut qu’être marqué pas le niveau de “développement” du Japon (d’autant plus en arrivant directement du Cambodge !). Qu’entendons-nous par développement ? Et bien ce sont les choses visibles, les infrastructures, les petits ‘plus’ technologiques, la rationnalisation de l’occupation des sols, etc. Le Japon, à première vue, est donc résolument moderne.
Comment le pays, qui a longtemps été isolé d’abord physiquement, du fait de son insularité, puis politiquement, est-il devenu aujourd’hui l’une des premières puissances mondiales en terme de PIB/hab, PIB/parité de pouvoir d’achat et autres indicateurs ?
Un rapide coup d’oeil à un passage de l’article Histoire du Japon sur Wikipédia à propos de l’après guerre (WWII) en donne un aperçu grossier mais révélateur :
Confiné à l’archipel, le pays demeura sous la tutelle des États-Unis jusqu’en 1951 (traité de San Francisco). Ceux-ci imposèrent une nouvelle constitution, plus démocratique, et fournirent une aide financière qui encouragea le renouveau du Japon. L’économie se rétablit ainsi rapidement et permit le retour de la prospérité dans l’archipel dont les Jeux olympiques de Tōkyō et le lancement du Shinkansen en 1964 furent les symboles.
[Pour les connaisseurs de l’histoire du Japon, la modernisation avait débuté bien avant cela, à l’ère Meiji, mais la société moderne dont il est question ici commence bel et bien là.]
On voit donc que sur la société japonaise est alors appliquée une couche d’idéologie occidentale : constitution comme chez nous, économie de marché libéralisée, et bien d’autres. Bien loin des habitudes et préoccupations de la société japonaise, le modèle “prend” tout de même, à force de réformes, et le Japon s’envole. Enfin tout du moins du point de vue des indicateurs adaptés pour mesurer ce type de performances.
La société japonaise est-elle pour antant devenue occidentale ?
Et bien la question est ardue : visiblement les codes sont connus, la mode puissante, car tout du moins dans les villes par exemple, les japonaises se trouvent moches comparées au canons occidentaux ; l’Oréal et consors en profitent pour se gaver en vendant toutes sortes de crèmes blanchissantes, tandis que les chirurgiens se spécialisent dans le débridage des yeux des miss !! On peut donc bien parler de réussite du modèle occidental !
Sous ce masque – blanc, de fait ! -, la société japonaise a pourtant gardé une forte inertie culturelle, forte de sa longue histoire insulaire. Les comportements restent basés sur un modèle traditionnel : dans certains cas, cela est efficace pour servir le modèle économique occidental (dans les cas des salary men qui vont se tuer à la tâche s’il le faut, merci à eux), mais dans d’autres cas un peu moins (réticences populaire à certaines décisions pourtant importantes économiquement, comme le nucléaire). Heureusement, la timidité générale traditionnelle empêche les rabats-joie de trop gêner la politique !
Nous voyons donc au Japon un société à deux facettes, l’une visible ostentiblement, affichant un développement considérable, preuve de réussite (sic), et l’autre, visible aussi, mais plus finement (en dehors des balades en habits traditionnels) , car solidement intégrée dans le comportement des gens en général…
Je me rend compte que, influencé sans doute par les arts martiaux traditionnels pratiqués en France, j’étais venu chercher au Japon cette deuxième facette, mais qu’elle est en fait assez difficile à cerner, masquée par la première… Il y a un peu de travail pour dénicher dans cette société composite le côté traditionnel dont il est possible, inch allah, de tirer quelques enseignements !