Depuis Oulan Bator, nous nous lançons dans la traversée d’une grande zone désertique, sur les bords du fameux désert du Gobi. Cette épopée se déroule en deux temps. D’abord en Mongolie – la vraie, puis en Mongolie intérieure – la province de Chine.
Les amateurs de grandes dunes, vont être déçus, nous n’avons rien vu de semblable…
Pour la partie mongole, disons que du sable, il y en avait suffisamment pour nous faire pousser les vélos même en descente sur nos pistes éternelles. Il faut préciser que la route qui relie la capitale à la frontière est en travaux sur environs 400 bornes, sur un total de trajet d’environ 600, ça fait beaucoup de pistes !
Mais ce n’est pas ce qui nous a donné le plus de peine ! Pour commencer, mon vaillant dérailleur a définitivement expiré son dernier crissement de pignon dans les herbes brûlées du désert (mais au tout début, sinon ce n’est pas drôle !). Il avait pourtant bataillé, invalide, plus de 10 000km après son accident. Souvenez-vous, l’Italie ! Enfin, nous sommes au milieu de rien, environ 200 kilomètres après Oulan Bator, inutile de songer à trouver une pièce de rechange par ici. D’abord, on essaye de réfléchir, mais ce n’est pas évident avec le soleil qui nous cogne sur la tête. Puis on tente d’appeler un joker, mais on l’a utilisé au tour précédent. Nous sommes obligés d’emprunter les grands moyens : je vais rouler avec une seule vitesse jusqu’à ce qu’on puisse réparer, c’est-à-dire, en Chine…
Techniquement, nous racourcissons la chaîne, nous trouvons un rapport qui paraît cohérent avec le terrain sableux mais plat et on s’arrange pour que la chaîne ne puisse pas changer de pignon. Voilà, maintenant, il va falloir se laisser glisser comme on peut en descente et donner tout ce qu’on peut en montée, plus question de changer de vitesse ! Régulièrement, je dois descendre pour des côtes pourtant pas sorcières, mais pas envisageables avec le rapport en place. Nous établissons un vrai travail d’équipe avec Guilhem qui vient en renfort sur certaines montées juste trop raides ou pour me tirer en descente ! Ca fonctionne, je n’aurais pas pensé, même si ça demande un effort bien différent que lorsqu’on a des vitesses ! Mais il semble que le Gobi ne se laisse pas traverser aussi facilement… Le vent nous taquine de côté/face depuis déjà quelques jours, ce qui n’est pas facile, quand un soir, il forcit vraiment et laisse éclater un orage incroyable. Je déclare cette nuit la plus mouvementée du voyage ! Au début, c’était rigolo, on regardait les éclairs, mais quand toutes les sardines se sont décrochées et qu’il fallait tenir la tente pour soulager ses pauvres arceaux, on rigolait un peu moins. Sans compter que l’imperméabilité de ce genre d’installation a des limites… L’orage et la pluie battante ont continué toute la nuit et jusqu’à 15h le lendemain. Autant vous dire que nous ne faisions pas les malins, emmitouflés dans nos duvets trempés, sans avoir pu fermer l’oeil de la nuit et avec toutes nos affaires valdinguées par le vent !
Toute cette eau – on vous avait dit que nous n’étions pas dans un vrai désert…, a bien détrempé les pistes et quand nous tentons d’embarquer le jour suivant, nous nous enfonçons à chaque coup de pédale, nous voyons les voitures traverser d’immenses flaques d’eau et de boue; s’en est trop, nous décidons de faire du stop ! Au début, nous pensons rejoindre la prochaine ville, mais nos camionneurs vont jusqu’à la Chine, allons-y ! Nous nous réjouissons de quitter le pays des gros plein de vodka et de rejoindre un nouvel horizon. Et puis, dans la remorque du gros camion qui fonce sur les pistes défoncées, on s’amuse bien à jouer à « flexion-extension » !
En un tourne-main, nous parcourons environ 300km et nous quittons la Mongolie, ses chameaux, son éternelle piste qui longe la voie de chemin de fer, et tout le reste (même s’il n’y a pas grand chose).
Reste à traverser cette satanée frontière en bus (nous n’avons pas le droit de la franchir autrement qu’en véhicule motorisé, va savoir pourquoi), et nous voilà dans un autre pays.
C’est de la magie les frontières, c’est moi qui vous le dit !
La course-poursuite dans les rues de Langar n’a peut-être pas aidé pour ton dérailleur 🙂
A savoir pour les lecteurs, il s’agissait d’un échec cuisant mais c’était bien drôle !
Bonne route les amis
Sacré aventure en effet ! Enfin celui qui a le plus souffert est quand même ton super velo made in china ! Qui a du tirer l’autre sur les 25km du retour ? 😛
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