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Barage au check point : flic ripoux en vue !

Comment ça la route est fermée ? Comment ça il y avait une autre route pour rejoindre Kalaikhum depuis Dushanbe ?

On ne sait pas ce qui nous arrive mais après quatre jours de piste et d’efforts, voilà qu’un flic nous bloque la route… Ca ne va pas se passer comme ça, les flics ripoux, on connaît, on a eu à faire à eux en Ouzbékistan et on sait comment s’y prendre.


C’est parti, on abat nos cartes : on s’assure d’abord qu’il n’y a pas de danger à poursuivre cette route, en le cuisinant un peu. Aucun véritable danger ou problème a priori, surtout que l’on voit des voitures passer le barrage dans les deux sens… Ensuite, on demande au policier à avoir au téléphone le soit-disant supérieur qui ne donne pas son autorisation. Si on ne l’a pas, on passe quand même et puis c’est tout ! Comme prévu, personne au bout du fil, on force donc le passage, mais la situation se tend lorsque le sous-fifre sort en chargeant sa kalachnikov… Il faut faire attention, il ne sait probablement pas s’en servir !

Tout se complique aussi quand le policier parvient à prendre nos passeports. Il les met dans sa poche, nous sommes coincés. Nous entrons dans une espèce d’enchère de menaces et de chantage. Nous prenons des photos, des vidéos, nous demandons tout haut s’il veut de l’argent. La situation ne se débloque pas, je me rend compte que je n’aurais jamais dû parler russe… Nous en venons à appeler l’Ambassade de France, en espérant au moins pouvoir récupérer nos passeports.
Et là, c’est le désespoir. La femme de l’ambassade nous confirme que la route qu’on a prise est officiellement fermée, il nous faut donc faire demi tour et passer par l’autre route.

Alors là, on a l’air con, il n’y a pas d’autre mot… Nous n’étions même pas au courant de cette autre route. Tout s’écroule, il n’y a pas de solution, retourner en arrière et prendre l’autre route nous demande au moins une semaine que nous n’avons pas par rapport aux visas. Il nous faut prendre le temps de remettre tout en place dans nos esprits et nos estomacs – trois heures de combat avec des policiers, ça creuse !

Le village est le dernier de la vallée
La rue principale du village !
Lune de jour

Une famille du village nous trouve effondrés et nous propose tout de suite de venir nous reposer chez eux. On ne peut pas refuser. On passe une journée avec eux, on se promène dans le village et nous nous laissons dire que la route est parfaitement praticable et qu’il est étrange que le type ne nous laisse pas passer. Tiens tiens, on apprend ensuite que la route devrait bientôt ouvrir, et pour finir, le policier nous interpelle le lendemain après midi pour nous dire que nous pouvons finalement passer…

Devant la tente, les enfants posent pour la photo !

Le policier n’avait sans doute pas envie de nous voir raconter notre histoire pendant trois jours à tout le village, qui nous avait vraisemblablement adopté (voir plus bas) ! Le plus drôle dans cette histoire, c’est que le matin du deuxième jour, un autre cyclo, australien, a passé le check point sans problème, profitant sans doute du sommeil des paresseux policiers !

Pendant cette journée « d’attente » dans notre famille d’accueil, nous mangeons local : du pain et du yoghurt, du yoghurt au pain et du pain sec trempé dans du yoghurt, le tout accompagné de thé. On se rend compte une fois de plus que nous sommes bien difficiles à vouloir notre ration quotidienne de protéines, légumineuses, et tout le toutim ! Nous nous demandons comment il est possible de se développer normalement avec si peu d’apport alimentaire, mais cela est a priori possible : reste à voir l’espérance de vie dans le village et les maladies dues aux carences…

Les hommes n’existent pas dans ce village, il y a seulement des femmes, des enfants, des vieux et deux sales flics ripoux ! Les maris sont partis travailler en Russie pendant que les femmes s’occupent de la maison, des enfants, des animaux, des cultures toutes seules pendant l’été.

En tout cas, nous avons appris beaucoup sur nos exigences en une journée dans un village reculé du Tadjikistan.

Séance de maquillage au naturel : la substance étalée au bout d’un bout de bois entouré de coton n’est autre que du mou de l’arbre d’à côté.

Et voilà ce que ça donne !

Après quelques minutes, on rince. Mais ce n’est pas un hénné très fort, rien ne reste…

Séance de corde à sauter avec une rallonge électrique

Et si on buvait l’eau des caniveaux !

Préchauffe Pamir : de Dushanbé à Kalaikhum

Où est Charlie ?



Depuis Dushanbe, on file droit vers le Pamir, nous sommes bien motivés, bien préparés, fin prêts !
L’itinéraire est facile, nous allons suivre la M41 jusqu’à Osh dans plus de 1 000 km – c’est ce qu’on croit au début ! Les prochains articles vont vous montrer que ce n’est pas si simple…

Mais pour l’instant, nous allons vous raconter ce petit échauffement qui consiste en rejoindre Kalaikhum depuis Dushanbe en passant par un petit col nommé Sarindash.

A pic sur la rivière tourmentée

Attention aux troupeaux

On commence à prendre de la hauteur !

Petit tour de piste !

Cette fois on est vraiment haut !

Huuuge! On voit la route que l’on a empruntée quelques heures auparavant !

Hé ! Hé ! Nous ne sommes pas encore dans le Pamir et on peut dire qu’on en bave quand même ! Il nous faut quatre jours environs pour rejoindre le bas du col. Tout au long de la vallée, nous traversons des rivières à gué, des coulées de boues et des pierriers tant bien que mal et si c’est pas toujours en selle, c’est toujours mieux que les 4×4 et les camions qui restent embourbés !

Traversée à gué avec montagne striée en fond
Petite rivière et grand dévers

Nous traversons aussi quelques villages où les gens nous offrent du pain et du thé, en nous racontant que l’hiver, ils restent à attendre dans leur maison pas isolée que les trois mètres de neige fondent…

Nous allons juste plus vite que les bergers en transhumance!

Ensuite, il faut bien passer la montagne ! Pour grimper jusqu’au col, nous empruntons une piste parfois asphaltée, parfois beaucoup moins. Nous sommes tout seuls, et parfois,en plusieurs heures à rouler, nous ne croisons pas âme qui vive. Du coup, je n’hésite pas à « prendre une douche » à l’aise dans la rivière au bord de la route. Évidemment, c’est ce moment précis que choisi une des seules voitures croisée pendant deux jours d’ascension pour débouler droit sur moi… Grand moment !

On arrive en haut près du col, les montagnes s’étendent devant nous !

Bref, nous arrivons là-haut (3252m tout de même !) en roulant dans des couloirs de neige sur une route où il y a même de l’asphalte ! Mais nous ne nous attardons pas à cause du froid et de l’heure tardive.

Passage à l’étroit entre la neige qui ne fond pas quand nous sommes en nage !
Petit abri « bus ? » à 3252,80 m !!

On était tout en bas !

La descente est époustouflante. Nous tombons à pic dans une nouvelle vallée à l’allure toute différente. Sous nos roues, des devers de plusieurs centaines de mètres qui donnent sur un torrent en furie. Des vaches se baladent par ici et le cri des marmottes raisonne dans cet amphithéâtre géant !

Quelques lacets de piste à descendre !

 

La rivière est recouverte de neige.

Voilà, nous avons passé notre premier grand col, on peut dire que de là-haut, le paysage est spectaculaire !

Dushanbe : capitale du pays aux montagnes

Le drapeau qui flotte au vent : « guiness book », nous disent les locaux en montrant, pas peu fiers, le drapeau !

 Comme diraient nos amis Marcus et Lena : « good food, good mood », notre première mission à Dushanbé est donc de faire le plein de nourriture !
Et oui, on nous a prévenu que dans la direction du Pamir, nous ne trouverions pas beaucoup de points de ravitaillement, alors on se lâche : pesto, muesli, pâte à tartiner et chocolat, bref, de quoi tenir plus d’une dizaine de jours. Résultat, je pèse 10 kg de plus que Guilhem au départ !

Un peu racistes dans les supermarchés ! 😉

En réalité, notre mission principale à Dushanbé est encore une affaire administrative : obtenir notre permis GBAO pour aller dans le Pamir ainsi que notre visa pour le Kazakhstan. Cela nous prend plusieurs jours et nous laisse le temps de prendre des forces pour affronter les montagnes.

Nous retrouvons des voyageurs connus et nous faisons rapidement connaissance avec une petite communauté d’occidentaux vivant à Dushanbé pour leurs études ou leur travail. On vit quelques temps au rythme expat de cette capitale centre asiatique.

Ismail Somoni

La grande place de Dushanbé, devant la bibliothèque vide paraît-il…

Nous sommes là en observateurs toujours et nous constatons à nouveau combien il est difficile de s’intégrer dans un pays si différent. Pourtant, nous tombons parmi les plus simples et sûrement les plus ouverts des expat (ce sont des thésards ou des jeunes employés d’ONG, pas les big boss des compagnies de gaz…), mais malgré nos conversations décroissancistes et nos idéaux communs d’égalité et de bonheur simple, nous sommes nés quelque part et il est quasiment impossible de ne pas contredire ses idéaux dans une situation si contrastée.

Transports d’entreprise !

Notre quartier pour quelques jours, pas d’eau courante pour cause de travaux

Transports publics

Nous avons apprécié nos quelques jours dans cette capitale toute jeune. Il y a quelques années, Dushanbé était encore un village, du coup, il n’y a pas spécialement de quartier historique comme pourrait le rechercher certains touristes, mais l’ambiance est agréable, et nous avons pu sentir une bonne énergie de cette population jeune et ouverte !

Récapitulatif Tadjikistan !

Suivez les liens contenus (ou qui seront contenus) dans le message pour voir les articles correspondant !

Après notre petit tour en Ouzbékistan, pays très plat finalement, nous entamons les choses sérieuses : le Tadjikistan et sa Pamir Highway !

Tout d’abord nous arrivons à Dushanbé où nous campons dans le jardin d’un hôtel (!), pour obtenir notre permis GBAO pour les Pamirs et le visa Kazakh, qui prend environ une semaine (cela nous a laissé le temps d’aller à l’opéra !)

Nous avons finalement bougé pour aller chez Juliette, une couchsurfeuse très sympa en centre ville, et à part l’eau coupée, c’est parfait pour passer le reste de la semaine !

Ensuite départ pour la M41, qui suit le chemin suivant :

Nous avons récupéré cette carte sur un autre site, mais nous ne souvenons plus lequel, mais merci quand même !

Nous avons donc debuté la M41 juste après Dushanbé, ce qui nous a mené à travers des vallées époustouflantes mais assez difficiles a cause de l’état de la route, des coulées de boue et des rivières à traverser…

Au bout d’une semaine environ, nous tombons sur un checkpoint ou le policier nous dit de faire demi-tour pour retourner a Dushanbe. Nous avons finalement reussi a passer le lendemain apres midi : a nous la route du col !

Nous avons appris après coup que cette route, dite du nord, n’était pas la plus empruntée par les cyclos, préférant celle du Sud, et nous comprenons pourquoi… Pente a 7% de moyenne sur  les 25km, sans aucun répis ! Et la descente de 1800m n’est pas plus facile !

Nous rejoignons la route classique, qui est même parfois asphaltée, la classe, pour arriver a Khorog ou nous retrouvons des amis cyclos : Eireen et Mickael, allemand, ainsi que Nicolas, un français.

A l’heure actuelle nous ne savons pas encore quelle route nous prenons : M41 comme prevu, ou Vakhan Valley avec les autres cyclos ? L’avenir nous le dira !

Bon, l’avenir a tranché pour la Vakhan, avec les conséquences que cela implique ! Le passage est en effet assez difficile, surtout le dernier col, le Khargush, avant le plateau !

Finalement, nous arrivons sur ce qu’on appelle les pamirs : le grand plateau situé à 4000m d’altitude en gros, magnifique ! Nous rencontrons les locaux, qui vivent on se sait comment dans ce milieu très pauvre en tout (aucune végétation quasiment, peu de bêtes du coup…)

En longeant la frontière chinoise, avancée on ne sait pourquoi de quelques kilomètres, nous parvenons à Murgab, une des plus grandes ville du plateau, où l’on trouve même un bazaar ! Nous n’y passons pas beaucoup de temps, pour continuer vers un lac un peu plus joli, puis vers le Khirghizistan, car notre visa nous presse malheureusement.

Lomographie numérique ?

Qu’est-ce que la Lomographie ? J’en avais vaguement entendu parler, mais c’est François qui m’en a dit plus à ce sujet.
La lomographie est, d’après ce que j’ai compris, une sorte de courant photographique alternatif visant à produire des images intéressantes à l’aide d’une non-technique particulière : utilisation d’un matériel désuet, ou initialement dépassé (tel des appareils-jouets à lentille en plastique), de pellicules particulières (avec un rendu des couleurs saturé peu réaliste), et de cadrages non réglementaires (sans viser, ou par dessus l’épaule).

Pour info, voici les 10 commandements du Lomographe :

  1. Emporte ton Lomo où que tu ailles (Take your Lomo everywhere you go)
  2. Utilise-le à n’importe quel moment — jour et nuit (Use it any time — day & night)
  3. La lomographie n’est pas une intrusion dans ta vie, mais en fait partie (Lomography is not an interference in your life, but a part of it)
  4. Essaie la prise de vue sans viser (Try the shot from the hip)
  5. Approche-toi au plus près des objets que tu veux lomographier (Approach the objects of your lomographic desire as close as possible)
  6. Ne pense pas (Don’t think)
  7. Sois rapide (Be fast)
  8. Tu n’as pas à savoir à l’avance ce que tu prends en photo (You don’t have to know beforehand what you captured on film)
  9. Après coup non plus (Afterwards either)
  10. Moque-toi des règles ! (Don’t worry about any rules)

Le résultat est plus ou moins intéressant, mais a toujours le mérite de sortir du cadre « photo éclatante et parfaite » que l’on peut aujourd’hui avoir avec tout bon appareil photo numérique. Voici ce que l’on peut trouver sur google image par exemple.

Est-ce donc réservé aux seuls appareils Lo-Fi ? Peut-on faire de la lomographie avec un Reflex performant ?

J’ai essayé de répondre à cette question avec mon Nikon tout beau. Pour cela, des réglages s’imposent, ou plutôt des déréglages :

  • Désactivation de l’autofocus
  • Mode tout manuel
  • Désactivation de la réduction du bruit
  • Balance des blancs à 10 000 K
  • Désactivation de la correction de la distortion
  • Objectif à focale fixe 35mm
  • Reglage de l’ISO fixé à 400 ISO

Et aussi des méthodes qui changent :

  • Ne pas regarder le photo après l’avoir prise
  • Pas le droit de supprimer des photos, si ratée semble-t-elle (c’est cela qui fait le charme)
  • Pas de bombardement de clichés : un seul à chaque fois

Tout ça est assez dur à respecter avec un appareil numérique, mais beaucoup plus facile avec un argentique qui impose déjà ces contraintes.

Cela dit assez de blabla, voici le résultat des courses ! 

Qu’en pensez-vous ?

Notre copine Gisèle

La première chose que nous faisons à Dushanbé, après avoir posé nos affaires, c’est d’aller à l’opéra-ballet !

Les loges et un plafond bien chansticoté !

Le hall de l’opera

Alors, c’est qui la ballerine ?

Et oui, nous nous offrons le luxe d’assister à la représentation du ballet Gisèle pour la modique somme d’environ 2$ par personne !
Et bien contre toute attente, le ballet n’etait pas si mal.
Nous aurions eu envie d’egorger le ou la flutiste pour ne pas avoir les tympans perces par ses fausses notes le plus fort possible mais sinon, l’orchestre n’etait pas si mal.
Pour ce qui est de la danse, la grace du corps de ballet etait a la hauteur du dernier troupeau de moutons croise sur la route, mais les sollistes nous ont bien transportes par leur aisance et la qualite du jeu de scene !
Bref, nous sommes sortis de l’opera comme si nous avions ete sur une autre planete pendant quelques heures. Le spectacle offre un depaysement que nous ne trouvons pas depuis nos chaises longues !