Depuis notre arrivée en Chine, nous avons pu observer des hectares et des hectares de plantations d’ornement. Et oui, c’est une drôle de formule, mais je ne sais pas trop comment appeler ces parcelles plantées le long des routes sur les bases de plans très précis mais peu inspirés; ni même, dans les grandes villes – et jusqu’à Shanghai, les parcs aux essences variées, mais à la construction très artificielle et sans charme.
Bref, nous n’avions rien vu à la mesure du mythe de l’art du jardin chinois !
Jusqu’au jour où nous poussons les portes du jardin Yu, au cœur de la vieille ville de Shanghai (c’est-à-dire en plein centre!). Alors là, oui, il se passe quelque chose. La construction extrêmement mesurée du paysage, l’imbrication du jardin et du bâtiment, les différents espaces et les multiples passages de l’un à l’autre… tout cela nous interpelle.
Sans termes savants, ni connaissances particulières en botanique ni en art chinois, nous pouvons vous livrer cette impression simple que nous avons, comme si les concepteurs du jardin avaient essayé de recréer la nature, pleine et entière, avec son fouillis et ses harmonies plutôt qu’un dessin à la française par exemple, le tout dans un tout petit espace.
Alors, nous, on ne nous aura pas ! On a bien remarqué qu’il n’y avait pas long jusqu’au bout du jardin, ils ont beau essayer de créer des perspectives avec leurs petits rochers en forme de montagnes et leurs petites mares qui rappellent les grandes étendues d’eau des campagnes chinoises, ça ne prend pas !
Enfin, c’est tout de même un espace agréable, et malgré les tours de Pudong que nous apercevons en arrière plan et la foule qui perturbe quelque peu le calme et l’intimité demandés par ce genre de jardin, nous avons envie d’en savoir plus sur l’art du jardin chinois et nous allons à Suzhou.
Suzhou est une bourgade d’environ 4 millions d’habitants à 85km à l’ouest de Shanghai. La ville a construit sa renommée au fil du temps autour de la fabrication et du commerce de la soie, des canaux et des jardins classiques ! Pour nous, c’est encore une occaz de visiter des sites classés patrimoine mondial de l’UNESCO (décidément, nous n’en aurons jamais autant visité qu’en Chine, qui l’eut crut !) !
La ville est parsemée de jardins plus ou moins grands, tous avec des noms rigolos, mais nous n’en visitons que deux : le Jardin de l’Humble Administrateur et celui du Maître des Filets !
Le premier n’a d’humble que le nom puisqu’il est le plus grand de la ville. Les espaces sont assez vastes, mais toujours très morcelés en petits jardins dans le jardin. Il y a aussi beaucoup de pagodes ici et là qui sont autant de moments pour prendre le temps d’apprécier le paysage et les compositions qui changent selon la direction de notre regard. Évidemment, lorsque midi approche, ces tonnelles deviennent des aires de pic-nique pour groupes de touristes chinois qui n’ont pas l’intention de ménager l’endroit sous prétexte qu’il fait partie d’un patrimoine quelconque. Ça fait partie de la découverte culturelle du pays, l’ancien et le moderne, tout ça tout ça !
Petit à petit, nous en apprenons un peu plus sur tout cet univers, et voilà que certaines choses raisonnent un peu mieux dans nos esprits. Par exemple, nous notons la présence d’un pavillon de peintures et de calligraphies dans tous les jardins visités : il doit y avoir un lien entre les deux, et en effet, on se rend compte que les compositions des paysages sont très similaires, avec toujours l’omniprésence de l’eau et de la montagne rassemblés dans des espaces démesurément petits par rapport aux éléments naturels. Nous faisons aussi le lien avec le taoïsme et le feng shui qui se mêlent à tout cela, comme un tout. Nous vous laissons chercher les yin et les yang au travers des photos, il y en a partout, l’art du jardin chinois consistant visiblement en la création d’une harmonie reposant sur l’équilibre des contraires.
Notre seconde visite a lieu dans le plus petit jardin de la ville. De façon assez paradoxale, c’est celui où l’on se sent le plus éloigné de toute civilisation. L’aménagement du jardin dans la maison et de la maison dans le jardin nous envoie dans un univers à part entière. Nous y passons du temps à admirer la lumière du soir mettre en mouvement ce paysage avec des ombres de plus en plus dorées.
Un petit détail aussi, qui m’a fait tiquer, et que j’ai pris en série, pour vous faire partager : les sols ! Une bonne source d’inspiration, vu la qualité et la variété des traitements !
Magnifiques! J’ai du boulot avec mon potager moi….
L’intrus est en haut à gauche, dans le coin. J’ai bon?
C’est très beau mais je ne repère pas facilement les yin et yang.