Le plastique c’est fantastique !

Nous avions prévu un autre article avec ce titre, mais nous ne l’avons finalement pas publié, donc j’en profite pour reprendre son titre ni vu ni connu ! L’autre article aurait été au sujet de l’amour des chinois des choses bien emballées : souvent, lorsque nous achetons des céréales ou des gâteaux, nous nous rendons compte en ouvrant le paquet que dans le sachet plastique se trouve une sorte de tiroir, en pastique, qui contient les portions individuelles, elles-même emballées et parfois même ré-emballées !! Il y a plus de plastique que de produit… L’emballage est une preuve de qualité, non pas pour la qualité même de l’emballage mais pour le nombre de ceux-ci… Enfin bref, là n’est pas le sujet de cet article, celui-ci parle plutôt… de latex !

Après la région de Pu’Er et son thé, nous passons par la région des bananes, puis celle des hévéas ! (En fait, ils font un peu des trois partout.)
Les plantations d’hévéas sont les plus pratiques pour nous car nous pouvons y planter la tente, il y a la place dessous ! La seule contrainte est qu’il faut se lever assez tôt pour ne pas gêner les récolteurs de latex le matin !

En effet, la récolte du latex est assez régulière : tous les deux ou trois jours. De plus, les jours de non récoltes sont mis à profit pour entretenir la plantation ou nettoyer les bols de récolte : on voit donc souvent les proprios en se mettant sous les hévéas, mais cela ne semble pas leur poser trop de problèmes.

D’après ce qu’on a vu et lu, voici comment la récolte fonctionne :

Hévéas vus de loin

Une fois que l’arbre est assez grand (15cm de diamètre environ), on peut commencer son exploitation. Les arbres sont plantés sur des grandes terrasses, en ligne, avec 1,5m entre chaque arbre. Les lignes sont par contre assez espacées entre elles, environ cinq ou six mètres (largement assez pour planter la tente !). Les arbres sont assez hauts, mais seule la partie basse du tronc, la plus accessible, est exploitée. Une entaille, ou saignée, est réalisée dans l’écorce, en diagonale. L’entaille fait quatre ou cinq centimètres de largeur sur environ 2mm de profondeur : c’est là que circule le latex sous forme liquide dans l’arbre.

Sur la bande supérieure, le latex a coulé puis s’est coagulé : l’ammoniaque permettra de le faire couler jusqu’au bol

Petit point sur le latex : celui-ci est différent de la sève. Il ne sert pas à faire circuler les nutriments de l’arbre, mais protège l’arbre en cas de blessure superficielle. Il circule pour cela dans une partie de l’écorce plus à l’extérieur que la sève, et en cas d’entaille, suinte et coagule pour protéger l’arbre. Le latex est présent dans différentes sortes d’arbres, comme le bananier par exemple, mais seul celui de l’hévéa présente les qualités nécessaires pour l’industrialisation.

Bec verseur planté dans l’arbre

Les exploitants d’hévéas utilisent donc ce principe pour récupérer le latex : l’entaille réalisée le premier jour se recouvre de latex, et le 2e jour ils viennent mettre de l’ammoniaque sur le latex, pour le faire redevenir liquide : il coule alors le long d’une rampe vers un bol fixé à l’arbre. Tous les arbres sont équipés de leur propre bol blanc, la classe !

Le bol rempli, il est possible de recommencer, en faisant une entaille un peu plus haut, et ainsi de suite. Lorsque l’on arrive en haut de la partie facilement accessible, la partie du bas s’est normalement régénérée, et l’on peut recommencer à faire souffrir le pauvre arbre depuis le bas… Et cela pendant une cinquantaine d’années ! Enfin un peu moins à présent semble-t-il, cela doit dépendre du temps de cycle que l’on choisit.

Une dernière chose : heureusement que les diffuseurs de senteurs n’existent pas encore sur les ordinateurs, car alors nous aurions pu vous faire part le la bonne odeur que le latex dégage… Beurk ! Entre l’ammoniaque et l’odeur du latex, qui ressemble d’après moi, mais à petite dose, à celle du crabe, je vous raconte pas quand un pick-up rempli de plusieurs jours de récoltes nous double !

Rampe pour “réceptionner” le latex