Je me demande un peu pourquoi les créateurs de la marque ont associé le prêt-à-porter féminin à cet éminent moine bouddhiste du VIIIe siècle : développer des vêtements pour jeunettes et populariser le bouddhisme au Japon ne sont pas tout à fait comparables, mais c’est vrai que ça sonne plutôt bien !
Quoi qu’il en soit, avant d’arriver au Japon, et même avant d’arriver sur l’île de Shikoku, mes références s’arrêtaient à la mode française des années 1990…
Mais nous avons tout de même décidé de suivre les traces de ce fameux Kukai et nous avons commencé le pèlerinage des 88 temples de Shikoku, vaste programme ! Nus avons donc découvert l’autre versant de Kukai : le personnage, l’homme qui a répandu la pratique du bouddhisme au Japon.
La panoplie du bon pèlerin
Bon, sur la forme, nous ne sommes pas de très bon pèlerins, il faut l’avouer. Il manque pas mal de choses à notre panoplie.
Le bon pèlerin est habillé en blanc, coiffé d’un chapeau pointu en paille, avec une espèce d’écharpe colorée autour du cou, une clochette et un collier de prières au poignet, et s’aide d’un bâton pour marcher. Cette panoplie correspond à des symboles que nous n’avons pas tout à fait cerné, nous n’avons pas trouvé beaucoup d’éléments sur notre route pour expliquer ce déguisement.
En plus de l’habit, il y a les accessoires plus ou moins important, contenus dans un petit sac, blanc toujours. Là, il y a tout le nécessaire pour adorer Bouddha « comme il faut », à savoir, des bougies, de l’encens et un briquet pour chasser les mauvais esprits, des pièces de 1 Yen par centaines pour que Kukai exhausse nos vœux , un livre relié en brocart à faire tamponner à chaque temple (pour la modique somme de 300 Yen (2,5 €) par temple) pour prouver qu’on a bien fait le pèlerinage (et puis les tampons sont jolis), et une liasse de petits papiers à jeter dans un bac devant les temples, qui, selon le nombre de pèlerinages effectués, a une couleur différente (à partir de 100 fois, on peut faire des souhaits en brocart !!).
C’est fou ce qu’on peut inventer autour de la religion pour faire du chiffre !
La bonne pratique du pèlerin
Est-ce que le pèlerin a la foi ? Visiblement, ce n’est pas trop le sujet. Nous observons souvent les gens sortir rapido de leur voiture, faire une courbette à la porte, réciter plus ou moins les sutras et surtout, aller faire tamponner leur cahier avant de remonter vite dans leur voiture en direction du temple suivant (en même temps, s’ils cherchent à obtenir la liasse de brocart, ils en sont peut-être à leur presque centième fois !).
Cependant, certains ont l’air très sérieux dans leurs pratiques. En fait, il y a un peu de tout, enfin, pas beaucoup d’étrangers, et visiblement, toutes les raisons sont bonnes pour être pèlerin !
Cette attitude “jem’enfoutiste” nous convient plutôt bien. Nous ne sommes pas là par conviction non plus et nous souhaitons seulement découvrir un bout de bouddhisme et de Japon à l’occasion d’une jolie balade.
Cependant, nous observons la bonne pratique du pèlerin ! Nous nous présentons au dévas (les protecteurs du temple) à l’entrée, nous nous lavons les mains à la fontaine, nous sonnons la cloche pour prévenir Kukai et ses copains de notre arrivée puis nous faisons des courbettes devant les temples, plus pour voir la statue cachée dans le fond que pour prier, mais personne ne le remarque ! Enfin, on dit au revoir sur le pas de la porte. Mais je crois que ce qui nous rapproche le plus de la “bonne pratique” est l’aspect ascétique de notre promenade peut-être !
Bon, je dois vous avouer qu’on passe un peu sur la récitation des sutras, l’encens, les bougies et le jeté de pièces à tout va…
Le parcours du bon pèlerin
Normalement, le pèlerinage commence par une visite à Kobo Daishi (le nom posthume de Kukai – ça veut dire le Grand Instructeur). Il est toujours en train de méditer paraît-il (1200 ans de méditation, ce n’est pas donné à tout le monde !) sur une montagne devant laquelle nous sommes passés sur l’ïle de Honshu avant d’embarquer pour Shikoku, mais nous ne nous sommes pas arrêtés. Ensuite, nous commençons par le premier temple, pour, normalement, retourner à la montagne, remercier et faire un petit rapport à Kukai après la visite des 88 temples qui parsèment l’île. Ce parcours représente environ 1200 km et à pied, il faut compter une cinquantaine de jours.
Le pèlerinage se fait traditionnellement à pied (même si les marcheurs ne représentent que 5% des pèlerins) et du coup, lorsque le sentier passe trop dans les montagnes, nous devons parfois faire quelques détours. Enfin, nous nous en sortons plutôt pas mal jusqu’au temple numéro 29, nous n’en ratons pas un seul ! Seulement, voilà que nous sommes détournés de notre bon chemin par plusieurs facteurs et dans la suite de notre périple, nous ne visiterons que quelques temples ça et là.
Nous n’avons pas encore trouvé l’illumination, mais nous avons rencontré des gens bien chouettes !
Ce qu’on a retenu de notre bout de pèlerinage
Vous vous demandez sûrement si notre objectif de découvrir un bout de Japon et un bout de Bouddhisme a été atteint avec ce pèlerinage à moitié réalisé (même pas…) !
Et bien, partiellement pour les deux : nous avons découvert Shikoku, certes, mais cette île est loin d’être représentative du Japon, donc il nous reste beaucoup à faire pour cet aspect là. Et sur le bouddhisme et ses pratiques ? Ben, nous n’avons pas compris grand chose. Est-ce à cause de notre aspect quelque peu hermétique aux pratiques religieuses en général ? Peut-être… Quoi qu’il en soit, nous retiendrons cette belle doctrine, représentée dans chaque temple : “May peace prevail on earth” !
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