Ouffff ! Après les déceptions que nous vous avons déjà contées, en voilà de beaux jardins !
Un jour de promenade entre temples et Bambi, nous avons fait une escale “jardins”. Nous avons suivi les conseils de notre cher guide Ponely Llanet, et nous sommes allés jusqu’au jardin Isuien (heureusement qu’internet est là, je n’aurais jamais réussi à retrouver ce nom…).
Les cyclochards
Nous avons laissé les poneys à l’entrée avec nos poubelles de clochards qui ont miraculeusement disparues (un daim du quartier aurait-il délicatement piqué le paquet pour le décortiquer bien plus loin ? ou alors quelqu’un, rempli de pitié devant tant de fouillis les aurait jetées à la collecte ? Sachez qu’ici, c’est bien la deuxième hypothèse qui est la plus probable !!)
Enfin, devant l’entrée, nous hésitons : 600 yen à sortir par ticket et en apercevant le jardin par les interstices de la clôture, nous ne sommes pas sûrs que cela vaille vraiment le coup… Mais, j’aimerais redonner une chance aux jardins japonais et Guilhem me pousse à y aller, lui restera à bouquiner au soleil.
A la découverte d’Isuien
Me voilà donc plongée dans le célèbre jardin.
Il y aurait plein de choses historiques, théoriques et techniques à raconter, je préfère vous livrer mes sensations, juste comme ça : ça se passe à chaque pas, à chaque orientation, dès qu’on tourne la tête, quelque chose de nouveau apparait. Le jardin est petit, un peu plus d’un hectare peut-être, et pourtant, la variété est immense. Je pourrais passer des heures à observer les détails, à la fois consciencieusement étudiés et créant un ensemble fluide et naturel. Tout est beau !
Je me promène sur les chemins en passant du bord des lacs à la forêt, entre les maisons de thé ou dans les collines. Cachée dans un bosquet, sur un chemin de mousse, je m’amuse à observer les autres promeneurs, en face, qui me photographient sans s’en rendre compte, avant de me retrouver à leur place : à découvert, avec vue sur l’endroit ou j’étais embusquée, qui a un tout autre visage alors !
Le jardin voisin fait pâle fleur
Ce qui est intéressant, c’est que je me suis vraiment rendue compte de la qualité de ce jardin lorsque nous sommes allés visiter celui d’à côté, gratuit, juste après.
Les deux jardins se touchent, sont construits autour de maisons de thé, avec plus ou moins les mêmes éléments, pourtant, ils sont très différents. Le deuxième est assez sympa aussi, il est plus grand, avec plus de dénivelé, mais à côté de l’autre, il manque quelque chose.
Ce n’est pas seulement l’entretien (absolument irréprochable dans le premier et légèrement négligé dans le second) qui fait la différence, c’est aussi le dessin des espaces, les perspectives, l’agencement des plantes, le traitement des circulations, les matériaux utilisés pour ce qui n’est pas végétal. Ce qui rendait l’autre aussi agréable finalement, c’est que sans que le visiteur ne s’en rende compte, rien n’est laissé au hasard.
Par exemple, dans les deux jardins, les chemins sont parfois délimités par de petits poteaux reliés par une corde. Dans les deux jardins, c’est le même matériau, la même couleur, la même hauteur, etc. Seulement, dans l’un je vois une barrière utilitaire alors que dans l’autre, je lis une nouvelle ligne, une autre dimension au jardin. C’est un détail, mais quand les poteaux suivent rigoureusement la ligne du chemin sinueux, on a l’impression d’être limité, alors que si la ligne est différente, on oublie l’aspect barrière qui devient un élément du jardin à part entière sans perdre sa vocation première.
Comme je ne suis pas familière avec le paysage et que mes talents d’observation ont des limites, il y a surement un tas de détails de ce genre qui font du jardin d’Isuien un espace aussi particulier, beau et apaisant.
Cela illustre bien un des paradoxes de la culture japonaise : quand la perfection et la maitrise du détail permettent d’atteindre la simplicité du naturel !
C’est vraiment très beau!
Mon potager avec ses lignes de travers, ses cailloux en plein milieu et son lot de mauvaises herbes a aussi son charme 😉
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