[Vous êtes dans la rubrique « réflexions », parce qu’à force de pédaler, ça commence à cogiter.
Comme nous n’avons pas forcément les mêmes sujets de prédilection avec Guilhem, et surtout, comme nos réflexions prennent rarement le même chemin, j’écris cet article en mon nom.]
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(tiens, j’avais les cheveux propres à cette époque !) |
Alors voilà, j’aimerais aborder le sujet de la création, parce que, même si je ne m’y attendais pas avant le départ (enfin, pas à ce point là!), ça me manque terriblement !
J’entends par création ces activités qui permettent de s’exprimer, de construire et d’échanger. Pour moi avant de partir, c’était danser, jouer du saxo avec les Chapoum, fabriquer des bijoux, bricoler et faire des projets pour Gievremont ou le Morimont, parler scène avec les coupines, monter des films pour le FFFG, etc. .
Je croyais pouvoir me prémunir de ce manque en emportant de quoi dessiner, tricoter et jouer de la musique, mais ça ne fonctionne pas. Je m’explique :
J’ai bien un carnet, des crayons et de l’aquarelle, mais je ne les maîtrise pas du tout, je ne sais pas dessiner. Pour le moment, je m’exerce, j’essaie de trouver toute seule le moyen de m’exprimer sur du papier en pratiquant, sans trop savoir où aller. Ce n’est pas facile, les premiers essais ne sont pas forcément très encourageant, et je ne suis pas sûre qu’au retour, je sois enfin capable de dessiner ce que j’ai dans la tête…
J’ai une flûtine et un harmonica aussi, mais c’est le même problème que pour le dessin, je ne sais pas jouer (ou juste que du reggae…), j’apprends doucement. Et puis, Guilhem a beau garder son calme olympien à la sortie de ces instruments, c’est quand même plus énervant que les coups de crayons sur du papier…
J’avais de la laine, je me suis fait un bonnet, cool! mais il ne m’en reste presque plus. Et en plus, je n’ai pas emporté le lot d’aiguilles qui permettrait de tricoter n’importe quoi. Je ne peux faire que des trucs tout petits.
Je pourrais danser aussi, il n’y a besoin d’aucun outil pour ça (à part un corps en forme, ce qui, heureusement, est le cas !), et en plus, je sais faire (il paraît) ! Mais, sans partenaire, ni prof, ni public (voire les 3 en même temps, pour certain), ça devient un simple entraînement et l’aspect créatif disparaît.
Il y a le film, ça, ça fonctionne, vous en avez la preuve ! Mais faire du montage sur un i-Phone avec des séquences qui bougent de partout, sans son digne de ce nom, ni effets, on ne peut pas appeler ça de la création. Quant à filmer de bonnes séquences avec l’appareil photo en vue d’un film de maboule, on le fait, mais attendre le bon PC du retour capable de monter ces images, avec du bon son, des bruitages et tout le toutim, c’est un peu frustrant…
Voilà, je me suis donc rendu compte que la création qui me manque, c’est celle qui demande du temps. C’est celle qui demande des essais, puis des critiques, des reprises et à nouveau une confrontation à un « public », jusqu’à trouver le bon agencement, la bonne transmission de pensée, le bon geste qui fait que ce qu’on a au fond de soi peut sortir et trouver un écho chez quelqu’un d’autre.
Alors voilà, je ne suis pas douée en écriture. Parmi les modes d’expression, c’est sûrement le plus délicat : si puissant par son universalité, et si banal et fade lorsqu’on ne le maîtrise pas. Il demande une rigueur d’esprit et une clarté de pensée que je n’ai pas, mais écrire et avoir des réponses est peut-être justement le meilleur moyen pour acquérir ces qualités, c’est comme pour l’aquarelle, j’essaie, sans arriver à exprimer complètement ce que j’ai dans les tripes !
Enfin, même si vous trouvez ça fade et banal, vous connaissez maintenant ma situation actuelle et ma recherche de moyens de pallier à ce manque que rien ne comble en voyage. Il n’y a sûrement pas de solution à cela, et peut-être que ce n’est pas plus mal. Finalement, nous voyageons sans contrainte, même pas celles d’un projet créatif, et c’est très bien comme cela. La création demande une routine, un matériel et un travail qu’on ne peut pas mettre en place dans ce voyage tel qu’on le réalise.
C’est juste un constat surprenant : je suis créato-dépendante, maintenant j’en suis sûre ! (Peut-être est-ce un éclairage pour une direction professionnelle à prendre au retour ? C’est un autre débat qui nous travaille également, même s’il est loin). Il faut juste que j’apprenne à vivre sans ma drogue ! En attendant, je prends du recul, les idées s’entassent, ça gamberge dans ma caboche, bref, quand l’occasion se présentera – sûrement au retour, ça va exploser !!
En exclu pour vous, quelques échantillons de la deuxième série du Labo de Loby, créés et vendus (quasi en totalité) avant notre départ !
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Une des seules pièces qui ont échappé à la rafle d’avant départ, avis aux amateurs ! |