12h15

La légende des chiens turques, les Kangals, va bientôt se vérifier. Nous en avons bien aperçu quelques-uns en ville, mais en mode « chien errant gentil », car sans maître ou troupeau à garder. Nous approchons ici d’une ferme. Je repère deux chiens à 11h, près de la ferme. Eglantine s’inquiète plutôt des cinq autres, à 01h, qui apparaissent sur la colline, et se dirigent vers nous…

// Juste pour vous situer, les Kangals, ou berger d’Anatolie, sont des chiens de la classe des molossoïdes, de forte taille, bien plantés, grands, puissants de construction, 74 à 81cm au garrot… Ils n’hésitent pas à s’attaquer aux loups qui s’approchent du troupeau, et peuvent même combattre des ours. Ils sont une légende pour les cyclo-randonneurs prévoyant de traverser la Turquie. Une simple recherche « Turquie à vélo » sur Google recense les techniques tentées pour se débarrasser de ces chiens !

12h00

Nous traversons de grandes étendues légèrement vallonnées, cultivées mais à nu en ce moment. La terre à l’air quand même un peu sèche, et les voitures passant à 110 sur les chemins de terre soulèvent sur nous un nuage de poussière (souvenirs d’AfricAM !).
Une sensation de liberté nous envahie : rouler tous seuls, au milieu de ces espaces gigantesques, sans y voir une ombre bouger ! Grandiose !


11h35

Une station service ! Terrain connu, nous pourrons recharger notre petite bouteille, et découvrir le secret de la monnaie, on ne va pas se faire arnaquer ici ! Pas de chance, on ne peux/veux pas nous servir : »Oil, kaput ! ». J’y crois à mort ! Un type en costard sort d’un bureau vitré dans la station et nous propose un thé. Nous acceptons notre premier thé ! Il nous explique, en gestes, que nous ne demandons pas assez d’essence et que c’est pas possible du coup. On a réussi à se faire servir en Croatie et en Grèce, et en Turquie c’est pas possible ? C’est le comble ! On retentera dans une autre station plus petite. Le thé est servi à tous ceux qui rentrent dans la pièce, un type semble d’ailleurs dédié à cette tâche, n’ayant pas l’air très occupé devant son bureau dénué d’ordinateur ou autre… Serveur de thé, poste à plein temps dans les entreprises turque ? 😉 Nous expliquons que nous allons à Istanbul, puis plus loin. Difficile de leur expliquer l’itinéraire en Turquie, malgré la carte au mur… Nous décidons de limiter la partie « expliquée » de notre voyage à Istanbul pour le moment, à échelle de vélo cela semble beaucoup plus raisonnable et compréhensible. Nous partons finalement, toujours dans la mauvaise direction selon les turques unanimes…

11h15

On continue la route, même si tout le monde nous indique de faire demi-tour : ils savent qu’on va à Istanbul, et que la route est derrière. Comment leur expliquer qu’effectivement, nous allons à Istanbul, mais que nous préférons prendre les petites routes ? Nous croisons des vendeurs de fruits ambulant, c’est tentant, mais nous avons peur de payer 10 fois le prix comme nous n’y connaissons rien…

11h05

Les billets sortent, en premier, puis le reçu et enfin la carte. Tous les gens derrière moi observent combien j’ai pris. La discrétion au distributeur n’est pas une notion très répandue, ça fait bizarre, surtout que je ne sais toujours pas combien représente ce que je viens de tirer… Suis-je multi-millionnaire ou juste possesseur de quelques centimes ? On verra lors du premier achat !

11h00

Nous trouvons trois banques d’un coup, avec trois distributeurs de billets, et plein de mecs devant… Notre arrivée n’est pas très discrète, et les questions sous forme de mime à propos des vélos me sont adressées (début de l’ère « Non je te parle pas à toi » pour Églantine, pour l’instant c’est pas encore énervant, mais ça risque de venir…). Quel distributeur choisir ? Au pif, celui de la plus grosse banque des trois (en taille de bâtiment, on ne connaît leurs noms ni d’Eve ne d’Adam…), en plus elle est ouverte au cas où la carte ne ressort pas… Deuxième question, qui nous pose autant de problème qu’en Albanie : combien on prend ? Pour combien de temps ? Eglantine propose 40€, je trouve que c’est peu vu le temps qu’on va passer en Turquie, mais en même temps on ne connaît ni le coût de la vie, ni ce qu’on va devoir dépenser, etc… Et puis 40€, ça fait combien de millions de livres ? C’est ainsi complètement démuni que je m’approche du distributeur de billet. Ouf, il y a anglais comme langue ! Alors… Retrait, on me propose… 10, 20, 50, 100 ou 200 TL… hum, ça fait pas beaucoup ça ! Si je prend 200 TL, d’après ce qu’on a vu dans le Lonely, ça fait 0,0125 centimes d’euros ! Bon… ils comptent peut-être en million, ou alors le cours a vraiment changé depuis l’édition du Lonely… Bon, au pif alors, je prend 400 TL, on verra bien, au pire la famille n’aura pas besoin de changer d’argent à Istanbul si c’est vraiment trop !

//Toujours hors chronologie, wikipédia nous a un peu renseigné sur cette bizarrerie : en fait, suite à des crises économiques sévères en 1994, 1999 et 2001, la livre turque (TR) a perdu 50% de sa valeur, puis en 2005, création de la nouvelle livre turque qui remplace l’ancienne, en divisant sa valeur par 1 million, rien que ça ! La nouvelle monnaie est alors éditée, avec des valeurs plus raisonnables : 5, 10, 20 nouvelles livres turques, etc. En 2009, le nom change et perd la mention de « nouvelle ». Des nouveaux billets sont encore édités. Il est cependant toujours possible d’utiliser les anciennes « nouvelles » livres turques, pour ceux qui ont suivi.

10h50

Nous traversons Ipsala, et y voyons les premières différences : des véhicules non identifiés y circulent (par exemple, une sorte de remorque de camion avec un moteur posé dessus, et des courroies dans tous les sens pour assurer la transmission, surréaliste !). Beaucoup d’hommes dans la rue, cela change des villages déserts de Grèce.