Angkor miniature

Non, il ne s’agit pas d’un remix de France Miniature version Khmère, mais d’un temple en particulier : le Banteay Srei.

Pour visiter ce petit et merveilleux temple de grès rose, il faut s’éloigner un peu du site principal d’Angkor.

Nous allons trop loin pour nos fiers destriers que nous troquons, pour une journée, contre des petites mobylettes, en mode locale. Le Banteay Srei est à plusieurs dizaines de kilomètres de Siem Reap, en direction du Phnom Kulen dont nous vous reparlerons un peu plus tard.

Ce temple a été érigé au Xe siècle. C’est un édifice hindou, dédié au Seigneur des Trois Mondes, Tribhuvanamaheśvara (il faut avoir une sacrée imagination pour inventer des noms pareils !). La ville où se situait le temple était dédiée à Vishnou. Il a été redécouvert assez tard, dans les années 1910, cependant, sous une jungle abondante, il est resté en très bon état.

En arrivant de bonne heure, nous sommes assez tranquilles et nous pouvons apprécier l’atmosphère particulière de cet endroit. L’enceinte centrale ne fait que quelques mètres de côté et nous faisons vite le tour. Cependant, les frontons à scènes et les diverses sculptures qui s’enchevêtrent entre les tours à portes aveugles nous offrent un spectacle que nous pourrions observer pendant plusieurs heures.

La couleur de la pierre, la précision et la finesse des sculptures ainsi que l’échelle réduite du bâtiment nous touchent particulièrement. Sur les frontons nous découvrons des scènes tirées de la mythologie hindouiste et les colonnettes sont ornées de frises sculptées.

Ce qui nous fascine le plus, c’est que ce temple est l’un des premiers de l’époque angkorienne, et pourtant, le raffinement de la construction est extrême. On a l’impression que des artistes ont réalisé ce bâtiment, et ensuite, les rois bâtisseurs ont fait reproduire, en plus haut, en plus large, en plus tout, par des artisans de masse sans trop d’inspiration artistique. Quoi qu’il en soit, ce temple, parmi les premiers, paraît le plus élaboré pour nos yeux occidentaux.

La femme idéale et l’homme idéal, ils nous ressemblent n’est-ce pas ?

Si par hasard vous faites un tour au musée Guimet à Paris, vous verrez l’un des frontons que Malraux a voulu rapporter dans ses bagages… Pris en flagrant délit avec sa femme et un de ses amis, en possession de plusieurs tonnes de pierres arrachées au temple – alors qu’il prétendait venir faire des moulages et étudier les langues orientales, il est condamné à plusieurs années de prison. A ce moment-là, sa bande de copains parisiens signent une pétition, et en bon poète connu, il est dédouané, pouf !

Comment donc ce fronton a-t-il pu se retrouver dans un musée parisien après tout ce tapage ? Et bien, en faisant parler de ce temple, cette affaire l’a peut-être sauvé : alors qu’il était prévu de détruire le Banteay Srei, l’Ecole Française d’Extrême Orient commence à s’y intéresser et entame la restauration, ce pourquoi la France a reçu le fameux fronton en cadeau !

Tout autour des tours, les murs sont en latérite (la pierre poreuse au dessus) et en grès sculpté.

Aujourd’hui, ce sont les suisses qui poursuivent les travaux de conservation et de restauration. Le site est magnifique.