Pu’Er et son thé : le Pu’Erh

Au cas où vous ne le sauriez pas, les Cyclorêveurs comptent une amatrice de thé ! Je ne dirais pas « grande » amatrice de thé, parce que je n’y connais pas grand chose, mais j’en bois beaucoup !
Ce que je savais en tout cas avant d’arriver dans la région, c’est que nous allions passer par Pu’Er, réputé à travers le monde pour son thé au goût un peu amer, bon pour la santé (c’est même une médecine en Chine) et sa forme compactée inhabituelle.

Encore un de mes vœux exhaussé par le voyage : approcher de plus près la fabrication d’un de mes thés favoris !
Je vais essayer de vous en dire un peu plus, suivez-moi !

Les théiers

D’abord, il faut serpenter un moment dans les plantations pour se rendre compte de mille choses étonnantes : le théier de Pu’Er pousse à flanc de colline. Les plantations entretenues sont taillées régulièrement, seules les jeunes feuilles sont ramassées en automne et au printemps pour la confection du thé, ce qui donne une apparence de successions de haies basses bien droites, les unes au dessus des autres en petites terrasses !

Fraîchement taillé, il reste une fleur 🙂 !


A la période où nous sommes passés, il y a aussi le fruit du théier. Celui-ci est récolté, la fève est extraite et nous avons vu des cours entières recouvertes de ces petits grains à sécher, mais ensuite, nous ne savons pas ce que ça donne, si quelqu’un peut nous instruire à ce sujet !

Le fruit, rouge lorsqu’il est mûr, renferme une fève qui brunit en séchant.

Mais le thé que nous apprécions ne vient pas exclusivement des plantations entretenues. Nous apercevons beaucoup de plantations laissées à l’abandon en quelque sorte, et surtout, les théiers dits sauvages. Dans ces cas-là, les théiers ne sont pas ou plus taillés et peuvent devenir gigantesques, ce qui ne facilite pas la récolte mais qui, d’après les experts, fournit le meilleur thé possible.

Un théier « libre » au milieu des théiers taillés, ça peut devenir grand !

Le séchage

Maintenant que nous avons étudié le produit brut – et on a parcouru des kilomètres et des kilomètres de collines plantées de théiers, on pourrait passer à l’étape suivante : la transformation, à savoir, le séchage, mais malheureusement, nous n’avons pas eu l’occasion d’observer cette étape de près. Un peu plus au nord de la-dite région, nous avons vu des séchoirs à tabac, sans savoir s’ils servent au tabac ou au thé (parce que nous n’avons pas vu beaucoup de plantations de tabac). Mais à Pu’Er, nous supposons que le thé est séché dans des bâtiments beaucoup plus grands que nous avons vu parfois, sans rien de très excitant.

Accueillis pour dîner chez des cultivateurs de thé. Eux, ils taillent et ils récoltes, ensuite, ils envoient les feuilles séchées quelque part, mais où ?

C’est à ce moment-là que le thé prend la forme qu’on lui trouve dans les magasins. Après une ou plusieurs fermentations (s’il y a lieu), le thé peut être soir laissé en feuille, soit compacté dans de multiples formes.

Thé compacté en vrac

Thé compacté, conservé dans des feuilles de bananier

Thé « grand cru » en galette, forme la plus fréquente.

Encore une autre façon d’emballer avec des feuilles de bananier.

Pendant ce temps-là, les cyclorếveurs roulent, et rêvent

Enfin, je vais vous raconter un peu la dégustation, mais avant, une petite anecdote rigolote.
Nous approchons de Pu’Er depuis quelques jours et nous prévoyons de nous arrêter demain dans cette ville, mais voilà que dans la ville d’avant, nous apercevons la « Pu’Er bus station », cachée derrière un joli rond-point représentant une théière. « Tiens, serions-nous déjà à Pu’Er ? ». En vérifiant sur le GPS, une carte indique Pu’Er là où nous sommes, et l’autre à la ville d’après. Dans le doute, on s’arrête ici, et le « Pu’Er hotel » où nous passons la nuit nous confirme par son nom que nous sommes au bon endroit. Mais en reprenant la route, nous voyons une indication « Pu’Er 25 km », c’est à n’y rien comprendre !
Nous réalisons plus tard que Simoa et Nig’Er, les deux villes concernées sont toutes les deux dans la région du Pu-Erh mais c’est Simao qui a été renommée Pu’Er très récemment, ce qui sème un peu la confusion…

Et dans la région, les plantations prennent le pas sur la forêt.

La cérémonie du thé

Bref, aux deux endroits, nous avons bien ressenti l’importance du thé et nous avons pu le déguster.
Voilà comment ça se passe : nous rentrons dans une échoppe, choisie un peu au hasard parmi la centaine qui se regroupent dans le quartier.
Le magasin offre du thé sous toutes ses formes : en feuilles, en galettes, en « nids », en briques emballées dans des feuilles de bananier ou encore compressé avec des formes décoratives (on a hésité à s’offrir les grandes galettes représentant notre signe astrologique chinois pour décorer la tente !).

Une théière en thé, what else ?

Ca, c’est une pile de « melons », il faut le savoir !

Le Pu’Erh peut être vert, jaune ou noir, selon le degré de fermentation. Certains datent d’il y a quelques dizaines d’années (surtout le noir), mais la plupart ont entre un et cinq ans.
Mais nous n’avons pas le temps de tout regarder, nous sommes tout de suite invités à apprécier quelques tassinettes par la vendeuse ! Et là, c’est tout un processus à respecter : les petites tasses d’une capacité de quelques centilitres sont bouillies dans un appareil spécial. La dame en attrape le nombre correspondant aux goûteurs (elle comprise) avec une pince en bambou. Dans la première boutique, la vendeuse choisit de nous faire goûter du thé noir compacté basique. Le thé sec est mis dans une coupelle en porcelaine, la dame y verse de l’eau à 95°C pour le faire infuser. Avec cette première infusion, elle rince les tasses et jette le thé. Vient ensuite la deuxième infusion : l’eau chaude est donc versée dans la coupelle en porcelaine remplie de thé. Ensuite, elle place une mini assiette au-dessus (pour éviter que les feuilles de thé sortent) et verse l’eau colorée dans un autre récipient, une mini carafe, à travers une petite coupelle-passoire (même si les feuilles ne passent pas, il y a quand même des petits résidus). C’est ensuite avec la mini carafe qu’elle remplit les tassinettes. C’est rigolo, on a un peu l’impression de jouer à la dînette ! Mais mieux que mes explications compliquées, voyez plutôt la vidéo !

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En général, dans ce genre de dégustation, vous n’êtes pas seuls : des voisins ou des amis viennent s’installer à côté et c’est l’occasion de discuter le coup ! Au bout de la 47e tassinette du même thé, nous perdons espoir d’en goûter d’autres. Mais nous comblons notre déception en testant l’échoppe d’à côté, qui nous fait découvrir un thé jaune, un des plus appréciés !

Je vous disais au début que le Pu’Erh a un goût un peu amer. C’est le cas qu’il soit vert, jaune ou noir. Dans le premier cas, il n’est pas fermenté mais a un léger goût de foin, dans le deuxième cas, l’eau se colore en jaune à l’infusion et les arômes se décomposent de manière beaucoup plus complexe, avec une amertume plus prononcée sur la fin. Et pour le thé noir, selon son âge et sa provenance, les goûts varient, mais il reste en général très amer, présente une belle couleur rouge sombre à l’infusion et une odeur de bois humide.

Mais ces dégustations ne seraient pas possibles sans les tables à thé, mais on vous expliquera ça dans un autre article consacré !