Archives de catégorie : Grèce

Contrefaçon de biscuit !

Au voleur ! A l’assassin ! Qui a osé contrefaire les Petits Ecoliers de LU ! Et pas qu’un peu !  Et ben, ce sont les grecs ! Et pourquoi changer de moule, si c’est marqué LU en bas à droite du biscuit, c’est pas grave, de toute façon, ils ne savent pas lire le français les grecs !
Voilà, pour les grecs, le chocolat et les biscuits, si c’est français, c’est bon ! Vive la France !

Original packshot !

Après la contrefaçon de station essence en Albanie, la contrefaçon de Petits Ecoliers en Grèce…

Estivant, où es-tu ?

Depuis un moment – depuis le départ en fait, lorsque nous pédalons en bord de mer, nous traversons des stations balnéaires désertées.

En effet, que ce soit les campings en Vendée, les grands hotels à 10 étages en Italie, les villages entiers parés de panneaux « zimmer/sobe/apartmani » en Croatie, les building nouvellement construits en Albanie ou encore les « résidences secondaires précaires » à la grecque, tout cela est vide !!!
(Et oui, en Grèce, nous rencontrons un nouveau style de station balnéaire : il s’agit d’un agglomérat mal organisé de caravanes jumelées à de petites maisons/abris qui habite la côte sans discontinuer lorsque la dune le permet).

Chacun son style de boîte à estivants. Cependant, il y a quelques points communs. Cela est construit sans aucune prise en considération du paysage, de l’environnement ou de la préservation des côtes. Visiblement, il fallait que ce soit rapide et pas cher, pour répondre à l’explosion du « tourisme de masse ». Le résultat est un amas de constructions à qui on ne donne pas 20 ans de durée de vie. Le vieillissement se lit d’ailleurs sur beaucoup d’installations qui semblent déjà fermées et abandonnées. On a du mal à imaginer tout cela en été. En fait, on a l’impression que tout est insalubre et abandonné.

Camping ouvert toute l’année…

Pourtant, dans l’idée, c’est bien le « tourisme de masse », c’est une des conséquences de l’accès à tous aux loisirs, à la plage et aux jolis paysages maritimes ! Alors pourquoi sommes-nous choqués par une telle propagation de résidences secondaires ? Et nous, est-ce qu’on renoncerait à nos villas de vacances parfois si mal construites ?

Nos amis les bêtes ! (photos + vidéo)

Nous rencontrons de nombreux animaux sur notre route, et lors de nos pauses bouffe ou camping. Voici un petit aperçu de nos amis d’un jour !

Les chiens
Comme nous l’évoquions dans un précédent post, les municipalité ont, par tradition grecque, la responsabilité des chiens errants : nourris et soignés, il ne sont donc pas tout à fait errants. Ils sont très civilisés et gentils (ils ont même un collier de couleur différente suivant leur sexe !), car sans maître, ni troupeau ou maison à garder, ils n’ont pas vraiment de raison d’être agressifs. Ce sont un peu des chiens libres, se baladant des les villes seuls ou en groupe, faisant leur vie. On a parfois l’impression d’assister à de véritables réunions de chiens aux coins des rues !

Le principal inconvénient de ce mode de vie des chiens est qu’ils sont assez vulnérables sur les routes, ne faisant pas vraiment attention lors de leurs traversées incessantes… On en voit donc un certain nombre sur le bord des routes, du genre « Paf! le chien ».

Voici un des chiens que nous avons croisé lors d’un picnic sur une place de village. Ah oui, il faut savoir qu’en Grèce, chaque village se doit d’avoir une petite place avec des jeux pour enfants et au moins une fontaine (un simple robinet, pratique quand l’eau est potable !). Nous faisons donc souvent nos déjeuners sur ces places. Ce jour là, un chien tout pataud vient nous voir. Il a l’air jeune, avec ses pattes énormes, et il a pas encore bien appris à contrôler ses mouvements. Il est de plus atteint de flemmardise aigüe ! Voici une petite vidéo du chien en question :

Les chats

On en voit un peu partout, dans les rues, sur les toits, dans les poubelles, qui sont un peu leurs restaurants. La mairie ne les nourris pas, alors ils se débrouillent tous seuls ! Exemple, au camping des Météores, trois ou quatre chats nous tournaient autour et nous observaient, guettant toute nourriture laissée derrière nous… et bien leur en a pris, quand j’ai (Guilhem) fait tombé le plat entier de gloubi boulga (pates, oeufs, oignons, etc…) par terre… C’était pas vraiment ma faute, c’est la poignée qui est mal foutue ! Bon, j’aurai peut-être du faire un peu plus attention mais bon… Toujours est-il que nous avons nourri les chats pour l’hiver !
Certaines maisons ont aussi une ribambelle de chats, nourris avec les restes et des paquets énooormes de croquettes, mais ceux-ci restent dehors, nous n’avons pas vu de chats à l’intérieur jusqu’à présent.

Voici deux chatons qui « habitaient » une sorte de camping permanent sur la plage, bien sûr déserté pendant cette période (nous écrirons quelque chose à ce sujet un de ces jours !), et où nous avons dormi. Bien causeurs, miaulant sans arrêt, ils n’avaient pas l’air trop mal nourris, et avaient l’air de demander des caresses plus de que la bouffe (bizarre pour des chats !).

Non non, ils ne veulent pas se barrer !

 

4000 km !!

Et voilà, en route pour les 5000km !

Trop facile !

La photo donne un petit aperçu d’une caractéristique de la Grèce que nous observons depuis le début : il y a de grandes routes, mais celles-ci sont le plus souvent assez vide (à plus forte raison le dimanche !), pour notre plus grand confort !

Théssalonique, enfin !

La brume de Théssalonique, faisant confondre ciel et mer

Nous ne pensions jamais y arriver… Et pourtant, avec environ une semaine de retard sur le planning, nous y sommes enfin parvenus ! De nombreux imprévus nous sont tombés dessus cette dernière semaine. En voici une liste non exhaustive :

Tout d’abord, la route que nous devions prendre (entre Larissa et Thessalonique, la route 1), seule qui serpente entre les montagnes sans y monter, était fermée. On a eu beau négocier avec les policiers, pas moyen de passer. « Verry dangerrous ». On est bon pour faire un petit détour… de 100km minimum, soit deux jours pour nous !
Soit, c’est le jeu, puis la route va être jolie sur notre passage donc pas de regrets !

Ensuite, une fois près de la mer, nous cherchons à emprunter des petites routes qui longent la mer ou qui ne montent pas trop dans les montagnes toutes proches… Cela nous fait faire quelques détours et demi-tours, car la plaine près de la côte est un grand marais parfois infranchissable. Ce n’est pas grave, nous avons le temps !

Le soir, nous nous arrêtons dans un camping fermé qui nous accueille très gentillement. Le lendemain, au moment de repartir : mon vélo est crevé ! (merci les chemins marqués sur la carte mais en fait envahis de ronces !) C’est parti pour la réparation de la roue, et puis on en profite pour essayer de régler le problème de dérailleur d’Eglantine par la même occasion. La pose de la rustine est une simple formalité, mais le dérailleur déraille complètement, et nous devons tout démonter car un problème empêche de pédaler en arrière, ce qui est très gênant. Le blocage venait de l’une des petites roues du dérailleur qui avait été écrasée, probablement lors de l’accident avec le 4×4, et en s’abîmant ne tournait plus… On répare, nettoie et remonte tout avant de rerégler : cela ne fonctionne toujours pas bien. La patte de dérailleur est encore un peu tordue, et le dérailleur aussi : on retord tout ça dans le bon sens, pour ensuite rererégler la transmission (4 étapes à chaque fois…). Toujours pas bon !
Nous avons fini par jeter l’éponge, le dérailleur doit être tordu et il n’est pas envisageable de le tordre dans tous les sens et de régler à chaque fois pour voir si c’est bon, on va donc devoir tenter comme ça, quitte à changer le dérailleur si c’est vraiment trop énervant les vitesses qui sautent en montée… Au final, il est 16h quand nous avons fini les réglages (nous avions pris notre temps le matin, commençant à partir vers 12h30…). Nous décidons donc de rester une nuit de plus au camping : redéploiement au même endroit de la tente bien rangée dans les sacoches !

Les jours suivants, je vous passe les nombreuses fois où nous nous perdons car les routes s’arrêtent subitement, ou les pauses « réglages de dérailleur » pour limiter les dégâts. Nos n’avançons plus, les collines incessantes sont de plus très fatigantes…

Nous nous arrêtons dans un camping fermé à nouveau, pour repartir le lendemain, un peu tard aussi car les affaires étaient mouillés à cause d’une condensation importante dans la tente. A la pause du midi (à 14h), plus de trace du couteau Leatherman (couteau/pince multifonctions, instrument de base du cyclorandonneur-campeur) : nous l’avons oublié dans le camping après le petit déjeuner ! Un coup de fil plus tard, le couteau est retrouvé, mais nous devons retourner le chercher : les 28km de la journée sont à refaire… puis à rerefaire le jour suivant évidemment !

Ensuite, la liste continue. Par exemple, lorsque l’on est sur la côte, et que l’on souhaite aller à Thessalonique, qui est aussi sur la côte, normalement pas de problème. Normalement. Et bien non, une seule route va directement à Thessalonique, c’est l’autoroute, et l’autoroute seulement. Il n’y a pas de pont pour les autres routes ! Du coup ,quand on ne peut pas aller sur l’autoroute, il faut passer assez loin dans les terres, à Alexandria, pour trouver un pont. Encore 50km de rab !

Tout ca pour dire que nous sommes enfin arrivés à Thessalonique, certes avec 1 semaine de retard, mais avec beaucoup d’anecdotes à raconter !

L’essentiel est d’y arriver, on en rigole bien à présent !

Dans la suite, vous trouverez les images de cette ville, la 2e plus grande de Grèce, que nous avons pu visiter grâce à un coup de chance inespéré !

Nous avons en effet rencontré, dans le starbucks où nous attendions les réponses de couchsurfeurs, deux française en Erasmus. Elles nous ont donné le numéro de Dimitri, le gérant d’une résidence universitaire, qui nous a très gentiment proposé un appart pour deux nuits, avec chauffage, douche et connexion internet !

Dimitri, notre ange gardien de ces quelques jours !

Nous avons ainsi pu faire à pied le tour de la ville, pour en profiter pleinement !
Les monuments antiques tout en ruines au milieu de la ville et de ses grands immeubles en béton :

 

Les monuments qui font l’éclat de la ville !!


Une tour, imposante, qui se trouve sur le front de mer (voir plus bas)


Une grande place, donnant sur la mer.

La brume cache la vue : on ne voit même pas l’autre bout de la ville !

Thessalonique, une ville grunge :

Les chiens, à peu près partout, tranquillou ! Une tradition grecque veut que tous les chiens de la ville soient soignés et nourris par la municipalité elle-même : il y en a donc un peu partout, ils sont très gentils et ils font leur vie en se baladant seuls ou en groupe, c’est drôle à voir !

Les arrêts de bus sont réduits à leur plis simple expression…

L’université Aristotèle, dont on a pu avoir une visite grâce à nos rencontres merveilleuses !!

Un wagon de marchandise, hébergeant une radio libre à priori, en plein campus. Il faut savoir qu’une loi grecque empêche les forces de l’ordre de pénétrer dans l’université, que ce soient les bâtiments ou le campus lui-même. Il paraît que la nuit il vaut mieux éviter de s’y promener du coup…

Ils ont aussi des véhicules particuliers ici !

Cabriolet sous un immeuble abandonné dans le centre-ville : cela fait un choc, surtout qu’il y en a vraiment partout

Les pigeons, qui cohabitent gentiment avec les chiens :


Expérience magique du Restau U à la grecque : gratuit pour tout le monde !
Expérience gustative dans une taverne grecque, moins gratuit, mais un régal !!

Il commence quand même à faire froid !

Nous faisons du camping, c’est assumé, mais ça va être de plus en plus dur ! L’hiver avance, et en plus depuis un moment nous remontons vers le nord pour passer en Turquie… Comment va-t-on faire ?
Voici un petit résumé en image d’une soirée type de cyclo-campeurs sauvages :

On se croirait en plein cambrousse… Mais on est en fait dans une espèce de zone agro-industrielle… pas glam !
Au menu ce soir : pâtes, sauce et gouda fondu… Pas mal, mais il y a un petit problème : l’eau prise dans une fontaine est jaunatre… On va bien faire bouillir hein ?
Moi je prend les photos, alors je peux pas éplucher !
Pack shot sur la sauce !

Il fait nuit noire… mais il n’est que 17h30 !
Les pommes ne sont pas excellentes…

Nous avons bien senti que la nuit était fraîche, mais quelle surprise de voir que tout est gelé dehors le lendemain matin !

Sympa la nouvelle robe de nos sièges !

Evitons de brancher quelquechose tout de suite là dessus…

On va pas voir grand chose là dedans…

Dégivrage avant le départ !

Bilan provisoire des types d’hospitalité rencontrés !

Attention, article long et peut être un peu moins facile à lire que les autres ! Prévoir un peu de temps pour arriver au bout…
Deux mois que nous sommes partis… déjà ou seulement ? Nous avons l’impression d’avoir traversé le monde, alors que nous ne sommes encore qu’en Europe !
L’unité des pays de l’Europe est une grande question des médias en ce moment, avec la crise en cours et celle qui se prépare. Le peu de pays Européens traversé semble assez homogène (toute proportion gardée) du point de vue du mode de vie, si on le compare à l’Albanie par exemple. Il est cependant un point qui diffère pas mal d’un pays à l’autre, c’est le type d’hospitalité que l’on y rencontre.
De notre point de vue terre à terre, loin de toute analyse ethnologique ou historique des nations traversées, voici un petit bilan de ce que nous avons pu observer. Nous sommes conscients que nous ne pouvons pas généraliser tous les faits à la population entière, mais nous faisons avec ce que nous avons !

Tout d’abord, voici la méthode générale que nous suivons pour trouver où dormir :


Avant que la nuit tombe, nous nous mettons en quête d’une maison possédant un jardin pour y demander une petite place pour notre tente. Nous ne visons pas de maison particulière, toute maison est éligible ! Nous avons remarqué qu’il est plus facile tout de même de demander lorsque les propriétaires sont dehors et nous voient arriver, au moins nous voyons si nous ne dérangeons pas les gens au milieu de quelque chose ! Si personne ne se trouve dehors, nous sonnons à la porte ou à l’interphone pour faire notre petit speech.

Commençons par la France, notre pays natal, où nous avons passé vingt jours. C’était en quelque sorte la mise en jambe du voyage, la préparation en douceur à ce qui nous attendrait. Nous y avons été globalement bien, voire très bien accueillis, ce qui nous a permis de faire des rencontres très enrichissantes. Nous savons que beaucoup de nos hôtes d’un soir suivent encore nos aventures sur le blog, et nous sommes encore en correspondance avec certains. Vous qui lisez ces lignes, si vous nous avez accueillis, merci encore mille fois, et vous vous reconnaîtrez sans doute dans les descriptions suivantes !

En France, pas de problème linguistique pour expliquer notre voyage, nous avons tout le vocabulaire nécessaire pour répondre aux interrogations que soulève un voyage de ce genre. La plupart du temps, nous avons vu une réserve lorsque nous formulions notre demande : la pratique d’un inconnu plantant sa tente dans son jardin n’est pas répandue, et c’est sans doute la première fois que quelqu’un leur demande cela. Il y a donc, après la demande explicite, un temps plus ou moins long (1 à 10 secondes) de réflexion de l’hôte potentiel. Ce moment est relativement court mais parait durer une éternité, car dans ce blanc s’installe une gêne chez nous, qui attendons bêtement, et chez l’hôte potentiel, qui pèse inconsciemment le pour et le contre grâce à des calculs savants dont le cerveau a le secret. Parfois, nous avons le droit directement à un « pas de problème, venez voir où vous voulez vous installer ! ». Cette spontanéité a toutefois été assez rare, car le plus souvent, on nous a demandé encore un peu plus de précisions avant d’avoir une réponse. Une différence que l’on a observé en France est la vitesse avec laquelle cette confiance de l’hôte s’obtenait. De la confiance aveugle dès le début à celle obtenue après la nuit, qui porte conseil, en passant par la confiance acquise graduellement, nous avons vu de nombreux cas ! Cela ne préfigure pour autant nullement de l’accueil offert par la suite, car une fois cette confiance acquise, nous devenons autre chose que des étrangers et sommes reçus très chaleureusement, dîner, petit dej et même lit parfois !
En moyenne, nous avons en France demandé à environ trois maisons avant de trouver notre bonheur. Les refus n’étaient pas légion, souvent les maisons étaient tout simplement vides. Parmi les refus, et certains début d’accueil aussi, nous avons senti de la méfiance. La peur de l’autre est perceptible, nous avons eu plusieurs fois des réflexions du type « vous n’êtes pas du genre à nous trancher la gorge pendant la nuit, hein ? ». Nous nous demandons comment les gens peuvent avoir ce genre de pensée dans des petits villages de campagne… Les infos de TF1 à propos des [méchants] jeunes de banlieue ? Les mauvaises séries B ?
En tout cas, l’expression du refus était plutôt cordiale, du genre « ce n’est pas possible car la grand mère patati patata », « désolé mais ce n’est pas chez moi », et ainsi de suite. Les français sont doués pour les excuses, au contraire des italiens comme nous le verrons !

Enfin, ne dramatisons pas, nous ne pouvons vraiment pas nous plaindre de l’accueil reçu dans notre cher pays, au point que je me disais à un moment donné : « on vante l’hospitalité Turque, mais la française est déjà pas mal ! ». Reste à voir si cela reste vrai si ce ne sont pas des français qui demandent l’hospitalité, ou si ils n’ont pas des têtes d’ange comme nous ;-).

L’Italie a été une autre paire de manches : déjà, l’explication du pourquoi et du comment de notre voyage était un peu plus dure, malgré l’italien presque parfait d’Eglantine ! De plus, les maisons italiennes sont souvent clôturées avec de grosses grilles, et un interphone, comme en France dans les immeubles. Nous avons déjà tous entendu un sketch avec un interphone qui ne fonctionne pas bien, alors imaginez nous à baragouiner en Italien à des personnes peu réceptives… Les italiens sont en effet peu portés sur l’hospitalité, et nous avons subi les refus les plus étonnants. Certaines personnes, en entendant l’objet de notre demande, marmonnent seulement un « non » dans leur barbe tout en se retournant pour rentrer chez eux et nous fermer la porte au nez… A l’interphone, même schéma, sauf qu’il leur suffit de raccrocher le combiné… Toutes les personnes n’ont pas été si peu ouvertes. La stratégie de certains autres consistait à chercher ailleurs où nous pourrions dormir : camping à 20km, parc municipal, bord de la route, terrain de foot, on a eu le droit à pas mal de choses… sauf  leur jardin, ce qui était quand même plus simple, mais non ! On restait avec eux, cherchant d’hypothétiques solutions pendant de longues minutes, ce qui diminuait nos chances de trouver un autre abri avant la nuit. Ensuite, après une avalanche de refus, nous finissions parfois par nous abriter dans un endroit isolé (champ ou bout de plage) dans la nuit noire…
Les critères pour sélectionner les maisons ont donc été revus, pour être plus restrictifs : de la préférence aux portails déjà ouverts en France, il faut ici viser les maisons loin de toute ville et sans portail du tout… Cela évite par la même occasion qu’un chien garde la maison, comme souvent. Nous avons ainsi pu trouver des gens très sympa, nous proposant par exemple une petite cabane de jardin et nous y apportant lumière et dessert, ou encore quelques fruits. La différence de mentalité entre agglomération (nous n’essayions pas au cœur même des villes, les maisons n’ayant pas de jardin) et campagne est notable : est-ce justifié par des raisons réelles (vols, violences, insécurité dans les quartiers résidentiels), ou est-ce seulement un état d’esprit un peu renfermé qui se construit dans ces quartiers ? Nous ne savons et saurons probablement pas…
Pour résumer, en Italie il est possible de trouver des jardins ou planter sa tente, mais il faut bien choisir l’environnement des maisons pour éviter d’essuyer assez de refus pour maudire les italiens sur sept générations !

Viennent ensuite les Croates. Là, nous ne pouvons pas vraiment faire de comparaison avec les pays précédents, car en passant presque exclusivement sur une côte ultra-touristique bardée de « Zimmer » et autres « Apartmenti », avec des maisons sans jardin, la montagne tombant le plus souvent directement dans la mer, notre démarche a dû par conséquent évoluer. Enfin, nous n’avons pas eu beaucoup de temps pour peaufiner une technique valable, nous improvisions chaque soir… Le premier soir par exemple, nous nous arrêtons pour acheter du pain pour les dîner/petit dej quand on nous accoste en français. Au fil de la discussion, nous disons que nous cherchons un endroit où planter notre tente, n’importe où. Résultat, nous finissons dans le même immeuble que nos hôtes, avec un appartement avec chambre et douche pour nous tout seuls ! Cela à posé les bases d’une nouvelle méthode : le recours à la solidarité nationale ! Nos hôtes avaient en effet travaillé longtemps en France avant de revenir à leur pays natal pour la retraite. Les autres nuits sur la côte, que ce soit en Croatie ou au Monténégro, ont donc été partagées entre camping sauvage et invitations par des compatriotes (terme qui regroupe dans ce cas n’importe quelle personne ayant plus de points communs avec nous que la majorité de la population du pays).

Ensuite, l’Albanie. Ce point a déjà fait l’objet d’un article entier, alors je vais faire court. Dans ce pays, pas de problème de proximité de camping, ou de surabondance de possibilité de logement : nous n’avons croisé qu’un nombre très restreint d’hôtels, et ce seulement dans la partie proche de la Grèce. Ailleurs, rien, nada, être un touriste n’est tout simplement pas prévu (enfin y-a-t-il des choses prévues d’ailleurs ? C’est un autre sujet). Nous avons donc appliqué plus ou moins notre méthode de France et d’Italie, mais en langue des signes cette fois. Pas facile, surtout quand pour la personne en face il s’agit de la première fois qu’un étranger tente de lui parler… Cela a donné des scènes cocasses, se soldant par un repli stratégique de notre part, voyant que nous n’arriverions pas à nous faire comprendre. La première nuit, après une tentative infructueuse, nous avons cherché de nouveaux critères pouvant faciliter la démarche. En voyant une parabole sur une des maisons, c’est le déclic : « Avec un peu de chance, ils ont une parabole pour capter des chaînes d’autres pays, et donc ils doivent parler une autre langue, bingo ! ». Nous avons donc tenté la maison en question : pas de chance, pas d’autres langues parlées ni par la mère ni par le père. Nous parvenons tout de même à nous faire comprendre : nos mimes ont été efficaces ! Cependant, ils ne veulent pas que nous plantions la tente : ce n’est semble-t-il pas une pratique répandue en Albanie, le père rigole, sans doute en nous imaginant comme des cons dehors sous la tente avec le froid qu’il fait. Nous ne savons pas quoi faire à ce moment là. Cela semble être un refus, mais un refus en rigolant. C’est bien la première fois que ça nous arrive !
En fait, ce n’était pas un refus, mais nous ne comprenions pas à notre tour ce qu’ils nous expliquaient : que nous étions leurs invités et que nous dormirions chez eux, après avoir bien sûr regardé la télé (TV5 Monde, Question pour un champion !) et partagé un dîné !
Le même schéma s’est reproduit chaque soir à quelques différences près. Une fois, après avoir défini d’un endroit ou planter la tente avec un homme, nous commencions à la planter comme prévu, quand nous entendons la femme passer un savon à son mari, pour venir ensuite nous chercher pour que nous entrions chez eux… Une autre fois, la maison était tellement petite (deux petites pièces dont une seule chauffée pour une famille de quatre personnes) qu’après le repas, une fois seulement la nuit bien tombée, nous avons installé la tente sous la maison. Les autres fois, nous dormions dans une des pièces libres (et sans chauffage bien sûr) de la maison.
Les points compliqués en Albanie étaient d’expliquer notre demande tout d’abord, et ensuite d’attendre la réponse du seul maître à bord, le père de famille. Sans lui, pas de réponse possible (même si on sait qu’elle sera de toute façon positive !).
La mentalité est assez incroyable, et cela tient sûrement du fait que nous soyons étrangers dans un pays qui a été hermétiquement fermé pendant cinquante ans jusqu’à 1990… Quelle serait leur réponse pour un couple albanais commençant un voyage, comme ce fut le cas pour nous en France ? Lui réserveraient-il un si bon accueil ? Jusqu’où va l’hospitalité albanaise ? Encore un point qu’il est difficile d’éclaircir.
En tout cas, pour nous, cela a été une expérience fabuleuse : voir quelqu’un s’approcher vers vous, vous serrer la main et vous inviter chez lui avant même d’entendre une quelconque demande n’est pas courant. En France, il faut d’abord demander l’hospitalité avant de la recevoir, cela nous paraît logique. Dans d’autres pays, l’hospitalité vient en premier : c’est une autre logique !

En parlant de logique, nous en avons vu une encore différente en Grèce. Sortant d’Albanie, nous savions que cela allait être à nouveau un peu plus difficile de trouver un endroit ou dormir. Nous avons appliqué les critères définis précédemment : maison avec jardin, plutôt dans la campagne, sans chien, et de préférence avec une personne dehors nous voyant arriver. En Grèce non plus, nous ne partageons souvent aucune langue commune, mais nous sommes devenus à présent experts pour mimer ! Le premier soir, après une première série de refus, nous demandons à des gens qui nous comprennent assez vite. Ils nous proposent d’aller plus loin, sans doute un camping, puis voyant que nous ne voulions pas, nous proposent le terrain vague devant les maisons, qui grouille de chiens errants. Eglantine parvient à mimer un chien méchant nous mordant, ce qui fait rire les gens, qui nous proposent finalement, presque à contre cœur, d’aller dans le jardin d’une maison vide qui leur appartient. Sauvés ! On a eu un peu l’impression de leur forcer la main tout de même. Cela étant, une fois ce « blocage » (nous y reviendrons) dépassé, nous avons le droit à un panini chacun, puis à une invitation à dîner, avec tomates, œufs, feta, pain etc.
Sans l’analyser au premier abord, nous avons dès le premier soir trouvé les caractéristiques de l’hospitalité grecque. Après quelques jours passés dans le pays, nous pensons avoir compris comment cela se passe :
Les grecs sont hospitaliers, pas de problème : des sourires généreux, des gens sympathiques, qui nous proposent toutes sortes de choses à manger en pleine rue. Même des policiers, qui barraient la route que l’on devait emprunter sous peine de faire un détour de deux jours, nous ont donné des châtaignes grillées pour nous consoler… On ne risque pas de mourir de faim lorsque l’on voyage en Grèce ! Pour le logement c’est autre chose. Il y a vraiment un blocage psychologique. Une fois, discutant avec une prof de français très sympa qui nous a fait signe dans la rue, nous lui expliquons que pour dormir, nous avions l’habitude d’aller dans le jardin de gens pour planter la tente, et qu’à ce moment précis nous cherchions où dormir. C’était un tout petit peu plus fin que ça mais pas tellement. Nous nous trouvions juste devant sa maison, disposant d’un grand jardin. Elle réfléchit, ne trouvant pas où nous pourrions dormir… Il y avait bien le camping à 2km, mais il était fermé. Elle n’a pas pu imaginer une seconde qu’elle pourrait nous proposer son jardin, à 2 mètres de nous, comme nous le lui avons si subtilement glissé. A cet instant précis, nous avons compris que les refus que nous essuyions depuis notre arrivée en Grèce n’étaient pas de la méchanceté ou autre, mais qu’une barrière culturelle ou autre empêchait tout simplement les grecs de nous accepter dans leur jardin… Reste à savoir, encore une fois, l’origine de ce phénomène…
Cela étant, nous gagnons désormais du temps sans perdre de moral : nous ne demandons plus aux maisons directement, sachant que c’est absolument inutile. Nous avons trouvé des « filières » de contournement ! (hors du camping sauvage bien sûr, quand on est au milieu de rien)
La technique du compatriote a bien fonctionné une fois, mais on ne peut pas sereinement s’appuyer dessus tous les soirs, les compatriotes ne courant pas les rues à cette période ;-).
Conseillé et pratiqué une fois comme solution de contournement, les abords d’une Église sont pratiques, d’autant plus que la deuxième fois nous nous sommes fait proposer une petite pièce, ainsi que le traditionnel petit truc à manger.
Nous avons découvert depuis peu une dernière filière : les campings fermés (tous les campings étant fermés, ce n’est pas le choix qui manque) ! En effet, les propriétaires habitant souvent dans le camping lui-même, nous allons leur demander comme nous le faisions pour une maison classique en France. Ayant l’habitude d’avoir des tentes dans leur « jardin », le blocage est dépassé, et nous pouvons nous installer tranquilles et gratuitement ! Le premier nous a même rallumé l’eau chaude pour nous, sympa !
Il nous reste quelques jours en Grèce pour peaufiner nos observations, et ensuite ce sera au tour de la Turquie ! La barre est haute pour cette dernière, l’hospitalité y est tant louée de toute part. L’image qu’on a est donc peut-être un peu surfaite : attention à la déception !

Pour finir, voici une petite anecdote de ce qui nous est arrivé, et qui souligne de manière concrète le décalage de mentalité entre les pays que l’on a traversé :
Il était une fois, un petit village [gaulois] grec écarté de la mer, que nous avions quitté pour augmenter nos chances de réussite (c’était avant de comprendre qu’obtenir une place pour la tente n’était tout simplement pas possible). Après un certain nombre de refus, nous nous retrouvons à discuter avec une femme, grecque, son mari, l’air sympatique, nous regardant depuis leur maison. Nous mimons, et sans doute a-t-elle compris (sans le montrer) ce que nous voulions. Elle commence à nous chercher des solutions de contournement, hôtel, etc. Une voiture passe, qu’elle arrête. Les passagers sont des travailleurs, et l’un d’eux parle italien. Il traduit un peu ce que dit la femme, que ce n’est pas possible, etc. On le sent gêné. Il discute avec elle, et nous attendons car nous ne comprenons pas ce qu’il se passe. Des blancs troublants nous font tous nous regarder. Finalement, il nous dit qu’il nous invite dans son hôtel, gratuitement, et qu’il faut l’attendre 20 minutes avant qu’il revienne nous chercher. Malgré la surprise, nous acceptons bien sûr sans broncher ! En attendant, le femme nous invite chez elle au chaud pour boire et manger un truc : pour ça, pas de problème ! Nous avons droit à un café et une petite assiette de lasagnes. Hospitalité de bouche !
Le travailleur (Arturo, de son vrai nom) revient en voiture, et nous le suivons. Quatre kilomètres plus loin, tout près de la mer, nous arrivons. Une petite cour, sept petites maisons (ou pièces) d’environ 15m² tout autour. Il nous en ouvre une, et nous mettons affaires et vélos dedans. Nous nous disons que ce sont des pièces à louer pendant la haute saison, sortes de bungalow hors camping, dont il est le gérant. Lorsqu’il nous invite chez lui, une des maisons, nous comprenons qu’il n’est pas le gérant, mais un des locataires à l’année. La pièce est chauffée par un petit Godin, le mobilier succinct : lit, banquette, toute petite table ronde, fauteuil de bureau (de recup’), meuble à vêtements, petit meuble genre secrétaire et télé. Ah, et une mini chaîne hifi, du genre celle que l’on gagne chez nous avec un abonnement à un journal, qui trône au centre, sur le secrétaire. On pourrait dire « C’est sobre, épuré », mais on sent surtout une extrême pauvreté. Un couple et trois enfant dans un si petit espace ? Un placard pour cinq ? En discutant autour d’un verre, on comprend enfin, et cela nous fait un choc : Arturo, ainsi que sa famille, est albanais. Nous avons été invités pour dîner et dormir chez des immigrés albanais en Grèce, alors que nous subissions un refus supplémentaire de grecs bien installés… WTF ?

Après réflexion, nous avons bien compris ce qui se passait dans la tête de l’albanais quand la femme grecque lui expliquait qu’elle ne pouvait nous accueillir (hum). Alors que les grecs ont un blocage pour accueillir quelqu’un à dormir, les albanais ne peuvent quand à eux laisser quelqu’un sans logement.

Nous espérons de tout cœur que nous n’avons pas posé le moindre problème à cette famille albanaise qui a, sans en avoir le droit à priori, ouvert une des pièces alors non occupée pour que nous puissions y dormir une nuit.

Cette situation a été très marquante pour nous. Nous, français aisés partant en vacances prolongées, face à cette famille qui n’a rien, dans un pays qui n’est pas le sien et qui lui laisse juste un peu plus de chance que l’Albanie elle-même…
« Sortez un peu, cela existe partout, jusque devant chez vous en France » pensent peut-être certains d’entre vous nous lisant. Certes oui, et on imagine facilement des situations similaires en voyant des gens dans la rue ou lors d’une émission. Mais vivre ce double décalage, entre nous et eux d’une part, et eux et la femme grecque d’autre part, est assez incroyable, dans le sens strict du terme.
Enfin voilà, fin de l’anecdote, et fin de l’article !

N’hésitez pas à nous laisser des messages ci-dessous !

Guilhem